Le SPD valide l'ouverture de discussions avec les conservateurs

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(Crédits : Fabrizio Bensch)

BERLIN (Reuters) - Les membres du Parti social-démocrate allemand (SPD) réunis en congrès à Berlin ont voté massivement jeudi en faveur de l'ouverture de discussions avec le bloc conservateur (CDU-CSU) d'Angela Merkel sur la formation d'un gouvernement.

La motion votée par les adhérents du SPD ouvre la voie à trois possibilités : une nouvelle "grande coalition" CDU-CSU-SPD, une coopération informelle ou un accord formel sur un gouvernement conservateur minoritaire en vertu duquel le SPD s'abstiendrait au Bundestag sur certains textes clés.

Le président du SPD, Martin Schulz, avait demandé dans la journée aux membres du parti de donner leur feu vert à de telles discussions, estimant que le SPD avait la responsabilité de faire revivre la social-démocratie en Allemagne.

Les sociaux-démocrates ont des raisons d'être réticents à retenter l'expérience d'une "grande coalition", ayant subi une sévère correction électorale lors du scrutin législatif du 24 septembre, après avoir gouverné quatre ans sous la direction d'Angela Merkel.

"Nous ne devons pas gouverner à n'importe quel prix, mais nous ne devons pas non plus refuser de gouverner. Ce qui compte, c'est ce que nous sommes capables de faire", a déclaré jeudi Martin Schulz.

"La question n'est pas celle d'une grande coalition ou de l'absence de grande coalition, (...) ni celle d'un gouvernement minoritaire ou de nouvelles élections. Non, c'est celle de savoir comment nous allons assumer nos responsabilités, notamment pour la génération future", a-t-il dit.

Dès le soir de son cuisant revers aux législatives, avec 20,5% des voix, soit sa pire performance dans l'Allemagne de l'après-guerre, le SPD, associé à Merkel entre 2005 et 2009 et de nouveau depuis 2013, avait pourtant exclu de reconduire l'expérience et opté pour une cure dans l'opposition.

Mais l'échec des discussions engagées entre le bloc CDU-CSU, les Verts et les libéraux du FDP, et le souci d'éviter un retour aux urnes, ont placé le parti sous pression et l'ont amené à revoir sa position.

"Ce ne sont pas seulement les dernières élections que nous avons perdues, ce sont les quatre dernières", a rappelé Martin Schulz. "Nous n'avons pas seulement perdu cette fois 1,7 million d'électeurs, mais 10 millions depuis 1998, la moitié de notre électorat."

"PAS MON EUROPE"

Selon Martin Schulz, le SPD ne pourra se régénérer qu'à condition de proposer une vision claire de l'Allemagne et de l'Europe, qui soit au service des citoyens.

Le dirigeant social-démocrate a dit souhaiter que se tourne en Europe la page de l'austérité incarnée par l'ancien ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et a appelé à l'approfondissement de la construction par la création des "Etats-Unis d'Europe".

"Lorsque les Etats ne peuvent équilibrer leurs budgets, ils risquent des sanctions draconiennes de la part de Bruxelles. Si nous pouvons trouver des milliards pour sauver les banques, il faut se battre pied à pied pour obtenir des sommes dérisoires pour soutenir l'emploi des jeunes, ce n'est absolument pas mon Europe."

"L'Europe n'est pas toujours au service de ses citoyens, elle est au contraire trop souvent au service des grandes entreprises", a-t-il déploré.

"Notre continent ne peut pas se permettre de subir quatre années d'une politique allemande comme celle qu'a pratiquée Wolfgang Schäuble."

L'Union européenne doit s'efforcer de se transformer en "Etats-Unis d'Europe" d'ici 2025, a poursuivi Martin Schulz, suggérant aux pays qui ne souhaitent pas participer à cette édification de quitter le bloc européen.

Il faudra pour cela sceller un traité constitutionnel établissant un Etat fédéral doté de prérogatives lui permettant d'intervenir dans les affaires nationales et extérieures, sur la fiscalité et les affaires monétaires, le droit d'asile ou encore le développement international.

"Ce traité constitutionnel devra alors être présenté à tous les pays membres et ceux qui le refuseront sortiront automatiquement de l'Union européenne."

Martin Schulz a notamment visé la Pologne, où les valeurs européennes sont selon lui systématiquement bafouées, sans que Bruxelles ne soit capable de réagir. Il a également déploré que la Hongrie s'éloigne peu à peu du bloc, en particulier lorsqu'elle signe des traités commerciaux unilatéraux avec la Chine.

(Thomas Escritt et Holger Hansen, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français,)