La défaite de l'Etat islamique proclamée en Irak

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L'irak declare la fin de la presence de daech sur son sol[reuters.com]
(Crédits : Handout)

par Maher Chmaytelli et Ahmed Aboulenein

BAGDAD (Reuters) - Le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi a proclamé samedi la défaite définitive des djihadistes de l'Etat islamique (EI), qui s'étaient emparés il y a trois ans d'un tiers du pays.

L'armée russe, dont l'aviation appuie les forces fidèles à Bachar al Assad, avait annoncé deux jours plus tôt avoir accompli sa mission en Syrie en venant à bout du mouvement.

Raoua, dernière ville d'irak tenue par l'EI à la frontière syrienne, a été reprise le mois dernier, mais le chef du gouvernement avait alors indiqué que des "opérations de nettoyage" étaient encore en cours dans les zones désertiques.

"Honorables Irakiens, votre terre a été complètement libérée. Le rêve de la libération est désormais réalité", s'est-il félicité samedi dans une allocution télévisée, après l'achèvement de ces opérations. "Nous avons accompli une mission très difficile. Nos héros ont atteint les derniers bastions de Daech et les ont purifiés. Aujourd'hui, le drapeau irakien flotte haut sur les terres irakiennes", a-t-il poursuivi, annonçant que le 10 décembre serait désormais un jour férié.

Plusieurs escadrilles d'hélicoptères ornés de drapeaux nationaux ont survolé Bagdad à la mi-journée, vraisemblablement dans le cadre de répétitions avant le défilé militaire qui doit avoir lieu prochainement, et des scènes de liesse tournées dans les rues de Bagdad ou de villes de province ont été diffusées à la télévision publique.

La coalition internationale qui a pris part active à la reconquête a adressé ses félicitations au Premier ministre, tout comme son représentant américain Brett McGurk, qui a parlé d'un "grand accomplissement que beaucoup jugeaient impossible".

"Nous saluons le sacrifice du peuple irakien, de ses forces et des peshmergas kurdes, et admirons l'unité qui a rendu ce jour possible", dit-il sur Twitter. Le département d'Etat américain a également félicité le gouvernement irakien.

"RESTER VIGILANTS"

Mossoul, la métropole du nord de l'Irak tombée en juin 2014 aux mains des djihadistes, a été reconquise en juillet au terme d'une terrible offensive de neuf mois, menée avec l'appui de la coalition. Côté syrien, Rakka, capitale du "califat" instauré par l'EI, a été reprise en septembre par les rebelles arabo-kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui sont soutenus par les Etats-Unis.

Dans un communiqué diffusé samedi, les Nations unies rappellent toutefois qu'il reste 3,2 millions de déplacés en Irak. En outre, la défaite militaire des djihadistes ne signifie pas la fin de la guérilla. Dans un enregistrement sonore diffusé le 28 septembre, Abou Bakr al Bagdadi, "calife" de l'EI qu'on disait mort, a appelé ses partisans à poursuivre le combat.

"Le rêve de Daech s'est envolé et il faut effacer toutes ses manifestations, ne pas permettre le retour du terrorisme. Malgré l'annonce de la victoire, nous devons rester vigilants et prêts à faire face à tout complot terroriste contre notre pays, parce que le terrorisme est notre ennemi éternel", a souligné Haïdar al Abadi.

Le Premier ministre a par ailleurs salué la contribution des Unités de mobilisation populaire et a remercié le grand ayatollah Ali Sistani, dont une fatwa a donné naissance à cette milice chiite, tout en rappelant que l'usage des armes devait être le monopole des militaires. Le désarmement de la milice sera probablement son chantier le plus délicat après la défaite de Daech.

"Les armes doivent être exclusivement entre les mains de l'Etat. Le droit et son respect sont nécessaires à l'édification de l'Etat comme à la justice, à l'égalité et à la stabilité", a-t-il souligné.

"La joie de la victoire est totale avec l'unité de l'Irak, qui a failli être divisé. L'unité de l'Irak et de son peuple est le plus grand et le plus important des accomplissements", a ajouté Haïdar al Abadi, évoquant l'apaisement de la crise due au référendum d'autodétermination organisé fin septembre dans le Kurdistan irakien autonome contre l'avis de Bagdad. Après une série de sanctions, le gouvernement régional a promis en novembre de respecter la décision de la justice irakienne interdisant la partition.

(Daniel Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français)