Hausse de 20% au premier jour des futures sur le bitcoin

reuters.com  |   |  800  mots

par Saqib Iqbal Ahmed et Swati Pandey

NEW YORK/SYDNEY (Reuters) - Les premiers contrats à terme sur le bitcoin, lancés dimanche à 23h00 GMT sur le CBOE Futures Exchange de Chicago, ont gagné jusqu'à plus de 20% en séance, une hausse encourageante pour les partisans de cette cryptomonnaie, dont les détracteurs soulignent au contraire les risques spéculatifs.

Le contrat à un mois a ouvert à 15.460 dollars, s'est brièvement replié puis a atteint un pic de 18.700 dollars. Vers 06h55 GMT, il se traitait en hausse de près de 20% à 18.500 dollars, avec 2.425 contrats traités.

Sur la plate-forme Bitstamp basée au Luxembourg, le bitcoin gagnait 9,6% à 16.100 dollars , affichant une hausse de plus de 1.400% depuis le début de l'année.

L'engouement entourant le lancement des contrats à terme pourrait être à l'origine d'une brève interruption de l'accès site internet de CBOE Global Markets, qui a fait état d'un trafic inhabituel.

Les experts craignaient que les risques associés à cette nouvelle monnaie ne gâtent les débuts des contrats à terme mais pour l'instant, les fluctuations de ceux-ci ne sont en rien comparables aux brutales variations observées ces dernières semaines par la cryptomonnaie elle-même. Vendredi, le bitcoin avait perdu 20% en 10 heures.

"N'importe quel institutionnel ou trader sur le marché voudra s'assurer d'abord que tout fonctionne bien, au moins sur les futures", a dit Ophir Gottlieb, directeur général de Capital Market Laboratories.

"Je pense que le mouvement se créera lorsque le marché des futures aura été bien établi; ça peut prendre quelques jours."

Les contrats futures sont établis à partir du cours d'adjudication du bitcoin en dollar sur Gemini Exchange, détenu et géré par les frères Cameron et Tyler Winklevoss.

De l'avis de participants du marché, le lancement des contrats futures ne se traduira pas forcément par une baisse de la volatilité de la cryptomonnaie.

"Il n'y a aucun moyen d'arbitrer entre le marché et d'autres places; pour autant que je sache, le CBOE ne peut compenser le bitcoin", observe Leonhard Weese, président de l'Association Bitcoin de Hong Kong. "Les traders habituels du bitcoin n'y ont pas accès et les desks présent sur le marché des futures n'ont pas accès au bitcoin".

"ACTIF SPÉCULATIF"

L'origine du bitcoin remonte à 2008. Cette monnaie virtuelle, qui utilise la technologie des chaînes de blocs (blockchain), a été créée par une ou plusieurs personnes réunies sous le patronyme Satoshi Nakamoto.

Le bitcoin est la première monnaie à avoir employé la cryptographie avec succès pour assurer la confidentialité des transactions, rendant toute tentative de réglementer ce nouveau marché très difficile, voire impossible.

Les banquiers centraux, entre autres, s'inquiètent de la flambée du bitcoin mais aussi d'autres risques, comme celui de son usage éventuel pour des opérations de blanchiment.

"C'est un actif spéculatif", a prévenu au début du mois le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. "Sa valeur et sa forte volatilité ne correspondent à aucun sous-jacent économique et ne sont la responsabilité de personne. La Banque de France tient à rappeler que ceux qui investissent en bitcoin le font totalement à leurs risques et périls."

Pour l'instant, beaucoup d'investisseurs restent en coulisses même s'il est possible d'acheter du bitcoin sans payer le prix complet d'une unité; la plus petite dénomination du bitcoin est le Satoshi, renvoyant au prénom du créateur prétendu de la devise.

Quelqu'un qui aurait investi 1.000 dollars en bitcoins au début de 2013 et n'aurait jamais vendu se retrouverait à présent avec un magot de l'ordre de 1,2 million de dollars.

Après le CBOE, une autre institution de Chicago, CME Group, doit lancer ses propres contrats le 17 décembre.

Les banques et courtiers américains ont réservé un accueil mitigé au lancement des futures.

Plusieurs courtiers en ligne, dont Charles Schwab et TD Ameritrade Holding n'autorisent pas ce type de transaction pour le moment et vendredi, le Financial Times a rapporté que JPMorgan Chase et Citigroup n'assureraient pas la compensation des transactions de leur clientèle pour l'instant.

Goldman Sachs a dit jeudi qu'il songeait à compenser ce type de transaction pour certains clients.

Pour ce qui est de la volatilité du bitcoin, bien plus ample que celles d'autres catégories d'actifs, des analystes estiment que son entrée sur le marché des futures pourrait avoir un effet apaisant.

"En théorie, la volatilité devrait diminuer sur le long terme après l'entrée en jeu des institutionnels", observe Gottlieb. "Mais il n'y aura peut-être pas d'incidence dans l'immédiat, disons le premier mois."

(Avec Chuck Mikolajczak et John McCrank à New York, Michelle Chen à Hong Kong,; Juliette Rouillon, Marc Joanny, Henri-Pierre André, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)