Macron défend son bilan sur l'environnement

reuters.com  |   |  632  mots
Macron defend son bilan sur l'environnement[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron récuse dans un entretien publié mardi les reproches des associations de défense de l'environnement et défend son bilan dans ce domaine, en particulier à propos de deux questions sensibles : le nucléaire et le glyphosate.

Depuis le mois de mai, le président français a soigné sur la scène internationale son profil "vert", en organisant notamment un sommet qui se tient ce mardi près de Paris en présence de plusieurs dizaines de dirigeants de la planète.

Mais il s'est dans le même temps attiré les foudres d'ONG en repoussant par exemple la date butoir, inscrite dans la législation, pour la réduction de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité.

Sous le précédent quinquennat, le pays s'était donné pour objectif d'y parvenir en 2025.

"On avait fixé un agenda intenable sans prendre les décisions qui allaient avec, sans programmation pluriannuelle. Voilà la réalité", répond-il dans Le Monde. "Si l'on est d'accord pour considérer que la première priorité, c'est le réchauffement climatique, l'urgence est alors de fermer des centrales thermiques et celles au charbon."

Selon un rapport publié le mois dernier par le gestionnaire des lignes à haute tension françaises (RTE), le respect de la date jusque-là retenue ne pourrait se faire sans une augmentation substantielle des émissions de CO2.

Pour Emmanuel Macron, "la seule façon de le faire massivement, et d'ailleurs le cas allemand le montre bien, ce serait d'ouvrir du thermique ou du charbon ou de recourir à du gaz acheté à l'étranger - et cela, c'est à la fois réduire notre souveraineté et accélérer le changement climatique".

"Je ne le veux pas et je l'assume totalement", a insisté le chef de l'Etat, pour qui "le nucléaire n'est pas une énergie qui est mauvaise pour le climat".

"LA FRANCE A MIS LE PIED DANS LA PORTE"

Le nouveau calendrier doit être intégré à la programmation pluriannuelle de l'énergie, qui sera dévoilée dans le courant de l'année prochaine.

Globalement, il n'écarte "aucune autre décision de fermeture de centrale (que celle de Fessenheim-NDLR), y compris durant le quinquennat" mais, a-t-il ajouté, "ça dépend du chemin critique qui sera trouvé pour être réaliste sans augmentation de nos émissions de gaz à effet de serre".

Les six premiers mois de la présidence Macron ont également été animés par les péripéties dans le dossier du glyphosate, un herbicide aux effets controversés sur la santé mais considéré aujourd'hui comme incontournable par les agriculteurs.

La Commission européenne a obtenu le renouvellement de son autorisation pour cinq années de plus, en dépit des efforts déployés par la France qui plaidait pour une durée plus courte - idéalement trois ans.

"Où en étions-nous avant que la France intervienne ? Nous allions tranquillement vers une reconduction du glyphosate pour dix ans en Europe ! C'est la France qui a mis le pied dans la porte", s'est défendu le président français dans le Monde.

"J'entends et je respecte les activistes qui voudraient sortir avant-hier, mais je suis en charge de l'intérêt général. Aujourd'hui, il y a des agriculteurs français qui, en toute honnêteté, ne savent pas faire sans Roundup", a-t-il ajouté.

Dans la foulée du vote à Bruxelles prolongeant le glyphosate, Emmanuel Macron s'est engagé à "prendre des dispositions" pour en interdire l'utilisation en France d'ici trois ans.

Plusieurs associations, parmi lesquelles Greenpeace et Oxfam, ont exhorté vendredi le chef de l'Etat à se montrer à la hauteur des attentes suscitées par l'organisation du sommet de ce mardi, baptisé "One planet summit".

(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)