Les banques s'activent en vue de la privatisation d'ADP

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(Crédits : Benoit Tessier)

par Dasha Afanasieva et Arno Schuetze

LONDRES/FRANCFORT (Reuters) - Les banques d'affaires s'activent dans la perspective d'une privatisation d'Aéroports de Paris et cherchent à se positionner pour conseiller le gouvernement et les candidats potentiels au rachat de l'exploitant des aéroports parisiens, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Depuis la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle, le groupe ADP est régulièrement cité comme le principal dossier de privatisation de l'actuel gouvernement qui entend céder des participations publiques pour alimenter un fonds de dix milliards d'euros pour l'innovation.

Mais compte tenu de la complexité de la transaction, le processus de privatisation de l'exploitant des aéroports d'Orly et de Roissy risque de prendre du temps.

L'opérateur, dans lequel l'Etat français détient 50,63%, pourrait être valorisé autour de 25 milliards d'euros, dette comprise, dans le cadre d'une éventuelle opération qui serait l'une des plus importantes pour le secteur des infrastructures en 2018.

Selon deux sources proches du dossier, Bank of America Merrill Lynch a été retenue par l'Agence des participations de l'État (APE) pour l'assister dans la privatisation d'ADP, confirmant une information du Figaro.

Une source proche du dossier a par ailleurs précisé que BNP Paribas travaillait aux côtés d'ADP.

ADP, Bank of America et BNP Paribas n'ont pas souhaité faire de commentaire. L'APE a fait savoir de son côté qu'elle avait recourt à des conseils extérieurs financiers, juridiques, stratégiques, comme elle le fait régulièrement, afin de mener des évaluations financières et stratégiques sur les entreprises du portefeuille et sur leur capital.

Selon plusieurs banquiers, le français Vinci fait figure de favori. Le groupe de BTP et de concessions, qui détient déjà 8% du capital d'ADP, a dit fin juillet qu'il était prêt à se renforcer au capital de l'exploitant.

Selon quatre sources proches du dossier, la société s'apprêterait à mandater la banque d'affaires Lazard pour la conseiller. Mais une autre source a fait savoir qu'aucun mandat officiel n'avait pour le moment été accordé.

Vinci et Lazard n'ont pas souhaité faire de commentaire.

UN LONG PROCESSUS

Selon ces sources, la position de Vinci vis-à-vis d'ADP risque de dissuader d'autres acquéreurs potentiels de se lancer dans la bataille tout en ajoutant qu'aucune décision n'avait encore été prise par le gouvernement sur l'organisation d'un processus de privatisation plus concurrentiel.

Vinci exploite 35 aéroports à travers le monde. L'an dernier, il a remporté avec la Caisse des dépôts et l'assureur Predica (groupe Crédit agricole) l'appel d'offres pour la privatisation de l'aéroport de Lyon.

La CDC a aussi fait part de son intérêt pour ADP.

Des fonds de pension et des assureurs pourraient également s'intéresser à ce dossier, le secteur des infrastructures étant considéré comme relativement sûr tout en promettant des retours plus élevés que des obligations d'Etat.

Selon plusieurs sources, la participation de l'Etat dans ADP, qui représente une capitalisation boursière de 16 milliards, pourrait représenter un trop gros morceau pour être mise en vente d'un seul bloc. Une source bancaire a fait valoir qu'elle pourrait être découpée en plusieurs parties tandis qu'une autre source a évoqué une séparation du groupe entre une partie opérationnelle et une partie immobilière.

Compte-tenu de la taille de l'actif, les candidats potentiels devraient vraisemblablement s'allier dans le cadre de consortiums.

Selon l'une des sources, le processus ne pourrait être formellement lancé qu'au deuxième semestre 2018 compte-tenu du nombre de points à régler au préalable.

"Tous les grands fonds américains, canadiens et du Moyen-Orient vont regarder", a estimé cette source. "Il reste à savoir si la France acceptera un acheteur venu de Chine ou du Golfe. Tout le monde y consacre du temps mais peu ont déjà choisi un conseil".

ADP pourrait être valorisé à environ 20 à 25 fois son Ebitda estimé, en ligne avec les valorisations constatées lors de récentes cessions d'aéroports". En 2016, ADP a engrangé un Ebitda de 1,2 milliard d'euros.

(Avec Dominique Vidalon et Matthieu Protard à Paris, Clara Denina et Julien Ponthus à Londres, version française Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)