Le G5 Sahel vise ses premières victoires en 2018

reuters.com  |   |  679  mots
Le g5 sahel vise ses premieres victoires en 2018[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

par Marine Pennetier

LA CELLE-SAINT-CLOUD, Yvelines (Reuters) - Une douzaine de pays d'Afrique, d'Europe et du Golfe sont convenus mercredi, lors d'une réunion près de Paris, d'accroître leur soutien financier et militaire à la force du G5 Sahel afin de remporter ses premières victoires contre les djihadistes au premier semestre 2018 et s'assurer un soutien accru de l'Onu.

L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont notamment annoncé des aides financières de respectivement 100 et 30 millions d'euros à cette force régionale lancée officiellement le 2 juillet dernier et dont le financement est encore loin d'être assuré. Son coût est estimé à 250 millions d'euros à ses débuts et à 423 millions en plein exercice.

Le Niger s'est quant à lui engagé à fournir deux bataillons supplémentaires - soit 1.600 hommes - à cette force qui devait initialement compter au printemps quelque 5.000 hommes, dans une zone grande comme l'Europe où les djihadistes conservent leur capacité à mener des attaques surprises.

La lenteur du déploiement de cette force régionale et du versement de son financement suscite critiques et inquiétudes dans les rangs des Africains et des Européens à l'heure où le risque d'un afflux de djihadistes en provenance de Syrie et d'Irak est mis en avant.

L'"urgence sécuritaire" constatée sur le terrain a été au coeur de la réunion qui s'est tenue au château de la Celle-Saint-Cloud (Yvelines), haut lieu des rencontres diplomatiques, en présence de sept chefs d'Etat africains et européens.

Les cinq présidents du G5 Sahel - Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Mahamadou Issoufou (Niger), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Idriss Déby (Tchad) - ont été reçus dans la matinée par Emmanuel Macron pour une heure d'échanges à huis clos.

Ils ont été rejoints ensuite par des partenaires clefs de la force du G5 Sahel : l'Allemagne avec Angela Merkel, l'Italie avec Paolo Gentiloni, la Belgique avec Charles Michel, l'Onu, l'Union africaine et l'Union européenne.

L'Espagne, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite étaient également présents au niveau ministériel.

"LA GUERRE BAT SON PLEIN"

"Il nous faut gagner la guerre contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, or elle bat son plein", a souligné Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse finale. "Il y a des attaques chaque jour, il y a des Etats qui sont aujourd'hui menacés et il y a une réelle présence des terroristes".

"Donc on veut intensifier l'effort (...) et nous aurons des victoires au premier semestre 2018" contre les groupes djihadistes, a-t-il ajouté.

Parmi les décisions prises lors de cette réunion, l'engagement des pays du G5 à "renforcer leurs efforts en particulier sur la zone Centre", via une augmentation des effectifs engagés, un renforcement des postes de commandement et une planification accélérée des opérations.

Les ministres de la Défense des pays concernés se réuniront par ailleurs avant la mi-janvier pour finaliser les procédures visant à faciliter le versement de l'aide.

"Nous sommes conscients que le temps nous est compté, qu'avec ce qui s'est passé au Moyen-Orient, il y aura un reflux vers nous", a dit le président du Mali. "Il y a urgence aujourd'hui à faire en sorte que notre force conjointe aboutisse rapidement à des résultats concrets dans sa lutte contre le terrorisme".

En jeu notamment, le passage de la force sous chapitre 7 de la charte de l'Onu, refusé pour l'heure par les Etats-Unis malgré l'offensive diplomatique française et africaine des ces derniers mois à New York.

Absente à La Celle-Saint-Cloud, l'Algérie a un rôle clef à jouer, notamment en ce qui concerne la protection de la frontière Nord du Mali, souligne-t-on à Paris.

"Tous les pays qui sont prêts à se joindre à la coalition Sahel sont les bienvenus', a une nouvelle fois indiqué Emmanuel Macron, précisant avoir invité lors sa récente visite à Alger son homologue à "coopérer plus activement". C'est une décision qui revient à l'Algérie" a-t-il ajouté.

(avec Sophie Louet et John Irish, édité par Yves Clarisse)