Le Brexit, plat de résistance du sommet européen

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(Crédits : Yves Herman)

par Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES (Reuters) - L'absence de gouvernement stable à Berlin empêchant toute percée sur la réforme de la zone euro, l'ouverture quasi certaine de la seconde phase des négociations du Brexit sera le plat de résistance du sommet européen qui s'ouvre ce jeudi à Bruxelles.

Selon deux sources à l'Elysée, le feu vert vendredi des vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement hors Royaume-Uni ne fait pas de doute, après le constat du négociateur Michel Barnier de progrès suffisants dans la première phase des négociations.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, juge lui aussi qu'"un résultat satisfaisant" a été obtenu sur les droits des expatriés, la frontière irlandaise et le reste à payer, et recommande l'ouverture des négociations sur les relations entre l'UE et le Royaume-Uni après sa sortie du bloc fin mars 2019.

"On peut considérer que c'est un sommet relativement positif puisque (...) on franchit la première étape de la négociation avec le Royaume-Uni et on ouvre la fameuse deuxième phase", a dit mercredi une source à l'Elysée.

Dans sa lettre d'invitation au Conseil, Donald Tusk estime cependant que "la conclusion de la première étape des négociations constitue une avancée modeste, dans la mesure où il ne nous reste que dix mois pour définir la période de transition et nos relations futures avec le Royaume-Uni", une date butoir destinée à donner aux Etats le temps de valider l'accord.

"Ce sera une course effrénée contre la montre, au cours de laquelle, une fois encore, notre unité sera fondamentale."

Cette course contre la montre risque en outre d'être freinée par la faiblesse de la majorité dont dispose Theresa May.

Malgré ses efforts, la Première ministre britannique a essuyé mercredi un revers à la Chambre des communes, qui a approuvé un texte qui l'obligera à faire adopter par le Parlement tout accord qu'elle serait susceptible de trouver avec Bruxelles avant qu'il ne puisse être signé.

TENSIONS SUR LES MIGRATIONS

Les Européens célèbreront aussi les avancées dans le domaine de la Défense, en lançant la "coopération structurée permanente", qui permettra aux 25 Etats volontaires de coopérer davantage, et peaufineront le futur fonds qui soutiendra la recherche militaire et les capacités militaires européennes.

"Il s'agira d'un moment historique", écrit Donald Tusk. "Cet exemple concret d'unité devrait être une source d'inspiration pour nous tous, et, je l'espère, être de bon augure pour d'autres décisions importantes."

Les dirigeants ferrailleront ensuite sur la réduction des flux migratoires de l'Afrique vers l'Europe et l'accueil des réfugiés qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie.

Ces deux questions et la mise en place d'une politique commune continuent de diviser profondément les Européens qui ne s'accordent que sur un point : l'urgence d'apporter une réponse à la crise migratoire.

A 27 vendredi, avec le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et celui de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ils plancheront sur les réformes de la zone euro, une semaine après les propositions de la Commission européenne.

"Vu l'absence de gouvernement stable en Allemagne (...), on ne peut pas s'attendre à des orientations très précises ni encore moins à des décisions", souligne-t-on à l'Elysée.

Les dirigeants sont invités à mandater leurs ministres des Finances pour travailler sur une liste de sujets, avec l'objectif de parvenir à des premières décisions en juin.

Les propositions d'Emmanuel Macron n'ont pas suscité l'enthousiasme de ses partenaires, au premier rang desquels l'Allemagne, mais le président français espère toujours arriver à ses fins, quitte à attendre quelques années.

Les propositions de la Commission mettent ainsi de côté ses projets de budget de la zone euro, de vrai ministre des Finances et de Parlement.

"On a toujours dit que la reconstruction ou l'approfondissement de la zone euro, c'était par étapes", dit-on à l'Elysée.

"Le ministre des Finances de la zone euro, ce sera à plus long terme que la question de l'union bancaire. Le budget de la zone euro, ce sera moins facile que l'union bancaire", ajoute-t-on. "Mais il faut construire cette feuille de route par étapes sur laquelle on doit se mettre d'accord au cours de l'année 2018."

(avec Gabriela Baczynska, édité par Yves Clarisse)