Il n'y a pas eu de négociations à Genève, déplore Mistura

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Damas impute l'echec des discussions de geneve a l'opposition[reuters.com]
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par Stephanie Nebehay et Tom Miles

GENEVE (Reuters) - L'émissaire de l'Onu pour la Syrie a déploré une "opportunité manquée" à la fin d'un nouveau cycle de discussions qui s'est achevé sans résultat jeudi à Genève, tout en se disant prêt à organiser de nouveaux pourparlers dès le mois prochain si quelqu'un réussit à convaincre d'ici là le gouvernement de Bachar al Assad de faire preuve de bonne volonté.

Staffan de Mistura a estimé qu'aucun des deux camps n'avait à proprement parler "saboté" les discussions mais que la responsabilité de leur échec incombait davantage aux autorités de Damas.

"Ils n'ont voulu parler d'aucun autre sujet que celui du terrorisme", a-t-il déclaré pendant une conférence de presse.

Le gouvernement syrien a au contraire accusé l'opposition d'avoir provoqué cet échec en réitérant, lors d'une conférence organisée fin novembre en Arabie saoudite, son exigence du départ de Bachar al Assad en préalable à tout règlement politique du conflit.

"Ceux qui ont rédigé la déclaration de Ryad II ont saboté cette session", a accusé Bachar Djaafari, chef de la délégation gouvernementale, mettant en cause "l'autre partie, c'est-à-dire les Saoudiens et leurs maîtres, les pays occidentaux".

"Ils ne veulent pas le succès du processus de Genève", a-t-il affirmé.

Staffan de Mistura a pour sa part regretté que l'opposition soit arrivée à Genève en continuant de faire du départ de Bachar al Assad un préalable mais il a indiqué que cette posture de principe avait laissé place à une position beaucoup plus raisonnable lors des échanges à huis clos.

"Notre objectif était de mener de véritables négociations", a déclaré le diplomate italo-suédois. "Soyons clairs, nous n'y sommes pas parvenu. En d'autres termes, il n'y a pas eu de véritables négociations."

"TROUVER DE NOUVELLES IDÉES"

L'émissaire de l'Onu a déploré qu'une "grande opportunité" ait été manquée à un moment où "il y a une indication claire de la part de nombreuses parties (au conflit) que les opérations militaires approchent de la fin".

Staffan de Mistura va se rendre à New York pour des consultations avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, puis une réunion du Conseil de sécurité programmée mardi.

"Il faudra probablement que je trouve de nouvelles idées, de nouveaux paramètres, un moyen de faire avancer les discussions, notamment sur la Constitution et les élections", a-t-il dit, précisant que la tenue de nouveaux pourparlers en janvier dépendrait de l'issue de ces consultations.

Dans un entretien accordé mercredi à la Radio-télévision suisse, Staffan de Mistura avait invité la Russie à convaincre Damas de la nécessité d'un règlement négocié.

"Personne ne peut faire pression sur nous", lui a rétorqué jeudi Bachar Djaafari, parlant d'une "erreur" de l'émissaire dont le mandat devra, selon lui, être reconsidéré à la lumière du rapport qu'il remettra au secrétaire général de l'Onu.

Quant au chef de la délégation de l'opposition, Nasr Hariri, il a dit douter que Moscou puisse faire plier Damas en raison "des obstacles posés par un autre pays", en allusion à l'Iran, l'autre grand soutien de Bachar al Assad.

Il a néanmoins appelé la communauté internationale à faire davantage pression sur le gouvernement syrien pour "le convaincre de négocier". Le processus est "en grand danger", a-t-il prévenu.

(Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)