Brégier quitte la tête d'Airbus, Faury lui succède

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Airbus: faury remplacera bregier a la tete du pole avions[reuters.com]
(Crédits : Kacper Pempel)

par Tim Hepher et Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Fabrice Brégier, patron du pôle d'avion commerciaux d'Airbus, compte quitter le groupe après une intervention du conseil d'administration pour résoudre un conflit sur la succession à venir du président exécutif Tom Enders, ont déclaré jeudi des sources proches du dossier.

Le patron d'Airbus Helicopters, Guillaume Faury, le remplacera mais ne devrait pas reprendre le titre de directeur général adjoint de l'ensemble du groupe Airbus que Fabrice Brégier avait obtenu le 1er janvier dernier, a-t-on ajouté.

Il s'agit du quatrième départ au sein de la direction d'Airbus annoncé depuis le début de l'année après ceux du responsable de la stratégie Marwan Lahoud en février, du directeur commercial John Leahy et du directeur de technologie Paul Eremenko.

Airbus s'est refusé à tout commentaire.

Cette nouvelle réorganisation, qui doit être annoncée vendredi matin avant l'ouverture des marchés, a été acté lors d'un conseil d'administration jeudi soir après des semaines de tensions au sein du premier groupe européen d'aérospatiale, ont précisé les sources.

La date du départ effectif de Fabrice Brégier n'est pas fixée, mais il pourrait rester dans le groupe jusqu'en février, selon une source.

Fabrice Brégier dirige les avions commerciaux d'Airbus depuis 11 ans, supervisant notamment la montée en cadence pour l'instant réussie du long-courrier A350, loin des déboires du très gros porteur A380 pendant les années 2000.

A 56 ans, Fabrice Brégier est également administrateur du groupe d'énergie Engie depuis mai 2016.

Selon Les Echos de jeudi, l'Etat devrait nommer un nouveau président du conseil d'administration d'Engie après le départ prévu en mai 2018 de Gérard Mestrallet, atteint par la limite d'âge.

Passé par le constructeur automobile PSA, Guillaume Faury, 49 ans, dirige Airbus Helicopters depuis mai 2013.

BRÉGIER A CHERCHÉ EN VAIN UN SOUTIEN FRANÇAIS

Malgré leur rivalité de longue date, Fabrice Brégier était considéré comme l'héritier naturel de Tom Enders, dont la propre position paraît fragilisée alors que son deuxième mandat court jusqu'en mai 2019.

Mais après une revue des candidats potentiels demandée par le conseil d'administration, Fabrice Brégier n'était plus considéré comme le successeur automatique de Tom Enders et en paraissait de plus en plus frustré, selon des sources proches du groupe.

Deux sources ont précisé que Fabrice Brégier avait demandé, en vain, le soutien du gouvernement français, comme Tom Enders l'avait obtenu de la part de Berlin, selon les sources.

Le Français a aussi cherché l'appui de son compatriote Denis Ranque, président du conseil d'administration.

"Il (Brégier) a tenté ce qui a été considéré comme un coup d'Etat", a dit une source du groupe.

Fabrice Brégier, qui se trouvait à Singapour jeudi pour une cérémonie concernant l'A380, n'était pas immédiatement disponible pour commenter.

L'Etat français, qui comme l'Allemagne détient 11% du capital d'Airbus, s'est refusé à tout commentaire.

Une source haut placée au sein du groupe a déclaré mercredi à Reuters qu'un changement de gouvernance ne pouvait pas être exclu avant la fin de l'année.

Mercredi, Fabrice Brégier s'était dit "surpris" par des informations de presse selon lesquelles il était sur la sellette, assurant que sa seule priorité étant d'assurer qu'Airbus atteindrait ses objectifs industriels.

Les tensions entre Tom Enders et Fabrice Brégier se sont intensifiées cette année autour du contrôle du pôle d'avions commerciaux d'Airbus, de loin la principale division du groupe.

Le groupe d'aérospatiale est perturbé par des enquêtes dans plusieurs pays, dont la France, sur le versement de commissions à des intermédiaires lors de contrats commerciaux.

Le départ de Fabrice Brégier intervient après celui de John Leahy, l'emblématique directeur commercial qui prend sa retraite en 2018, et Paul Eremenko, le directeur de la technologie recruté par Tom Enders dans la Silicon Valley et qui a quitté précipitamment ses fonctions fin novembre au bout de moins deux ans.

Tom Enders avait démenti mercredi une information du Figaro selon lequel il aurait informé l'Elysée de son intention de quitter son poste en mai 2019.

"C'est la première étape de la relève de la garde chez Airbus, le départ de Fabrice Brégier doit aussi signaler le début de la fin pour Tom Enders", a dit une source industrielle.

(Edité par Véronique Tison)