Zone euro : Macron et Merkel veulent converger d'ici mars

reuters.com  |   |  689  mots
Zone euro: macron et merkel veulent converger d'ici mars[reuters.com]
(Crédits : Eric Vidal)

par Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES (Reuters) - Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont engagés vendredi à faire converger leurs visions de l'avenir de la zone euro d'ici mars, le président français exprimant le souhait que la chancelière gouverne avec les sociaux-démocrates du SPD.

Lors d'une conférence de presse commune, à Bruxelles, les deux dirigeants n'ont pas masqué leurs désaccords mais se sont montrés optimistes quant à la perspective de les dépasser rapidement.

"Est-ce que nous allons trouver une convergence ? Je le veux. Et là où il y a une volonté, il y a un moyen", a dit Angela Merkel.

"Nous allons trouver une solution commune car cela est nécessaire pour l'Europe."

Même engagement du côté d'Emmanuel Macron : "non seulement je le pense mais je le veux".

Sur l'un des points d'achoppement les plus importants, il a répété qu'il ne souhaitait pas rentrer dans une discussion technique sur un éventuel budget de la zone euro, une option regardée avec réticence en Allemagne.

"Nous avons trop tendance au niveau européen à politiser des sujets techniques", a-t-il dit.

Il a répété qu'il s'agissait selon lui avant tout de faire progresser les piliers de la souveraineté européenne et que, à travers ce renforcement, des capacités financières communes émergeraient pour "la zone euro ou une avant garde européenne".

"C'est comme ça que je prends le sujet, je ne le prends pas par le petit bout de la lorgnette", a dit le président français. "Parler d'un instrument avant de savoir ce qu'on veut en faire, c'est la meilleure façon de ne jamais construire l'instrument."

MACRON ESPÈRE UNE ALLIANCE ENTRE MERKEL ET LE SPD

Le point d'étape entre les 19 membres de la zone euro en marge du Conseil européen de mars "permettra d'avoir une première discussion vraiment stratégique et politique sur ce que nous voulons faire à cinq ans, dix ans, de la zone euro", a-t-il ajouté.

"Nous nous sommes donné la perspective du mois de juin pour finaliser une feuille de route commune de court, moyen, long termes."

Vendredi, les 27 dirigeants européens, hors Royaume-Uni, ont mandaté l'Eurogroupe pour travailler sur plusieurs sujets, notamment l'union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité (MES) et les règles sur les marchés de capitaux.

L'absence de gouvernement stable en Allemagne a empêché les deux premières puissances du bloc d'avancer plus rapidement sur cet agenda de réforme.

Après l'échec des négociations entre l'alliance CDU-CSU de la chancelière, les libéraux du FDP et des écologistes, c'est désormais l'hypothèse d'une nouvelle "grande coalition" avec les sociaux-démocrates du SPD qui est en discussion.

"Je souhaite vraiment que la chancelière réussisse ces négociations maintenant entamées avec le SPD", a dit Emmanuel Macron. "Je suis absolument sûr qu'elle parviendra à trouver un bon accord."

Les propositions d'Emmanuel Macron sur la réforme de la zone euro n'ont pas suscité l'enthousiasme de ses partenaires, au premier rang desquels l'Allemagne, mais le président français espère toujours arriver à ses fins, quitte à attendre quelques années.

Les deux dirigeants ont souligné les avancées des derniers mois, notamment la coopération structurée permanente dans la Défense, officialisée jeudi (), l'éducation, la culture ou la politique sociale.

Emmanuel Macron a apporté son soutien à la chancelière sur le dossier des migrations, qui divise toujours profondément les Européens, plusieurs pays de l'Est ayant confirmé leur refus d'accueillir des migrants.

Selon la chancelière, "on ne peut pas imaginer que dans certaines parties de l'Europe il y ait de la solidarité alors que dans d'autres parties de l'Europe il y a moins de solidarité. Pour moi, cela ne va pas".

"Il faut de la solidarité sur le plan interne, c'est indispensable et on peut pas limiter la solidarité sur le plan des interventions internationales, nous sommes l'un et l'autre d'accord et nous avons une perspective, celle de juin 2018 pour des conclusions", a déclaré Emmanuel Macron.

(édité par Yves Clarisse)