L'ANC se choisit un nouveau dirigeant

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(Crédits : Rogan Ward)

par Alexander Winning et James Macharia

JOHANNESBURG (Reuters) - Le Congrès national africain (ANC), seul parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid, vote ce week-end pour se choisir un nouveau président en remplacement de Jacob Zuma, l'actuel chef de l'Etat.

Le vainqueur, dont le nom sera annoncé dimanche, aura de bonnes chances de devenir dans deux ans le prochain président sud-africain.

La lutte s'annonce très serrée entre le vice-président Cyril Ramaphosa, 65 ans, ancien dirigeant syndical et l'une des plus grandes fortunes du pays, et la candidate soutenue par Jacob Zuma, son ex-femme Nkosazana Dlamini-Zuma, 68 ans, ancienne ministre et ancienne présidente de la Commission de l'Union africaine.

Cette élection représente un moment important pour l'ANC, au pouvoir depuis vingt-trois ans.

La présidence de Jacob Zuma a été ternie par de nombreux scandales et le parti qui a mis fin à l'apartheid sous la présidence du charismatique Nelson Mandela, prix Nobel de la paix en 1993, est aujourd'hui profondément divisé.

Sept candidats au total sont en lice pour cette présidence de l'ANC, qui tient son congrès à Johannesburg du 16 au 20 décembre.

Pour ses partisans, Cyril Ramaphosa est le mieux placé pour redresser une économie plombée par un taux de chômage de 28% et un abaissement des notations de crédit.

La perspective d'une élection de Ramaphosa rassure les marchés financiers. Une décision de justice favorable au vice-président, annulant l'élection de hauts responsables provinciaux de l'ANC partisans de Dlamini-Zuma, a ainsi été saluée par une hausse de plus de 2% du rand, la monnaie nationale.

CORRUPTION ET INÉGALITÉS

Cyril Ramaphosa, qui a récemment multiplié les critiques contre le gouvernement de Jacob Zuma, est soutenu par les vétérans de la lutte anti-apartheid, les syndicats et les organisations de la société civile.

Nkosazana Dlamini-Zuma, qui bénéficie notamment du soutien du mouvement de jeunesse de l'ANC, promet quant à elle d'améliorer la vie de la majorité noire, de lutter contre les inégalités raciales tout en ne cachant pas son hostilité aux grandes entreprises.

"Elle n'a pas fait de la lutte contre la corruption le seul pilier de sa campagne, car la question la plus cruciale en Afrique du Sud, ce sont les énormes inégalités", souligne Carl Niehaus, l'un de ses conseillers.

Jacob Zuma, 75 ans, a déclaré la semaine dernière qu'il était "très heureux" de passer la main à la tête du parti, tout en restant pendant encore deux ans aux commandes de l'Etat.

Début septembre, le Parlement sud-africain a rejeté à une large majorité une motion déposée par le principal parti d'opposition demandant l'organisation d'élections législatives anticipées.

L'Alliance démocratique (DA) espérait ainsi pousser vers la sortie le chef de l'Etat, fragilisé par les scandales de corruption à répétition.

Jacob Zuma a échappé à plusieurs motions de défiance, la dernière le 8 août malgré le ralliement d'une trentaine d'élus de l'ANC au texte déposé par l'opposition.

(Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)