Chili : Duel ouvert entre Piñera et Guillier à la présidentielle

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(Crédits : Handout .)

par Caroline Stauffer

SANTIAGO (Reuters) - Le second tour de l'élection présidentielle, ce dimanche, déterminera si le Chili reste ancré au centre gauche ou s'il bascule à droite comme l'ont fait une série de pays d'Amérique latine ces dernières années.

Un duel plus ouvert qu'on ne le pensait initialement oppose l'ancien président Sebastian Piñera, milliardaire conservateur de 68 ans, au journaliste et sénateur de centre gauche Alejandro Guillier, âgé de 64 ans.

Sebastian Piñera passait pour le favori durant la campagne électorale mais, lors du premier tour le 19 novembre, il a réalisé un score inférieur (36,6%) à ce que lui prédisaient les sondages, relançant les chances de voir le pays rester à gauche, après le mandat de la présidente Michelle Bachelet.

Le candidat de centre gauche, qui a obtenu 22,6% le 19 novembre, a bénéficié durant l'entre deux-tours du ralliement de la candidate de la gauche antilibérale Beatriz Sanchez, qui, sous les couleurs de la coalition Frente Amplio, a recueilli environ 20% au premier tour.

Si Beatriz Sanchez a annoncé qu'elle voterait Guillier pour barrer la route à Piñera, qui a déjà été président de 2010 à 2014, rien ne dit que ses partisans la suivront dans son choix.

"Ne pas se rendre aux urnes, c'est accorder la victoire à l'élite des puissants. Nous pouvons continuer de lutter pour un Chili plus juste", a souligné Guillier jeudi, lors de son dernier meeting de campagne.

Les deux candidats en lice au second tour souhaitent préserver le modèle d'économie libérale du Chili, mais Piñera a promis des baisses d'impôt pour doper la croissance, tandis qu'Alejandro Guillier, lui, entend poursuivre les réformes engagées par Michelle Bachelet dans l'éducation, la fiscalité et le travail.

NOUVELLE CONSTITUTION

Alejandro Guillier, candidat sous la bannière de la coalition Nueva Mayoria de Bachelet, a réalisé au premier tour le plus faible score d'un candidat de centre gauche depuis le retour de la démocratie en 1990, signe du large mécontentement de l'opinion contre la présidente sortante.

Les électeurs de gauche jugent la politique sociale de la présidente trop timide, tandis que pour l'opposition conservatrice, les mesures qu'elle a prises ont entretenu l'incertitude sur les marchés financiers et nui aux investissements privés, si bien que la croissance économique moyenne a été seulement de l'ordre de 1,8% par an sous Bachelet.

Le fort soutien dont ont bénéficié au premier tour Beatriz Sanchez ainsi qu'un candidat très marqué à droite, José Antonio Kast, a conduit Piñera aussi bien que Guillier à tenter d'attirer vers eux des électeurs mécontents du statu-quo.

Piñera, économiste formé à Harvard qui a fait fortune en lançant les cartes de crédit au Chili dans les années 1980, dit vouloir créer un fonds de pension public chargé de rivaliser avec les fonds de pension chiliens privés, fortement critiqués, et développer la gratuité de l'enseignement.

Guillier, ancien journaliste de radio et de télévision du nord du Chili, veut développer l'accès à un enseignement supérieur gratuit et inscrire les droits des indigènes et des travailleurs dans une constitution appelée à remplacer celle héritée de la dictature Pinochet.

Contrairement à ce qui est le cas dans la plupart des pays d'Amérique latine, le vote n'est pas obligatoire au Chili, pays de 17 millions d'habitants.

(Eric Faye pour le service français)