Jérusalem : Les Palestiniens pourraient saisir l'Assemblée de l'Onu

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(Crédits : Brendan Mcdermid)

DUBAI (Reuters) - Les Palestiniens pourraient saisir l'Assemblée générale des Nations unies si Washington oppose son veto au projet de résolution du Conseil de sécurité réclamant l'annulation de la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d'Israël.

Le représentant palestinien auprès de l'Onu, Riyad Mansour, évoque cette possibilité lundi dans les colonnes du quotidien saoudien Arab News.

Le Conseil de sécurité doit se prononcer dans la journée sur le projet de résolution préparé par l'Egypte qui énonce que les décisions portant sur le statut de Jérusalem n'ont aucune valeur légale et doivent être annulées.

Selon Riyad Mansour, Palestiniens et Egyptiens ont multiplié les contacts avec les membres du Conseil pour s'assurer que le texte bénéficierait d'un large soutien.

"Les Européens en particulier nous ont demandé d'éviter les termes comme 'dénoncer' ou 'condamner' et de ne pas mentionner nommément les Etats-Unis", explique Riyad Mansour. "Nous avons accédé à cette requête mais conservé les clauses actives rejetant tout changement sur Jérusalem et la réaffirmation des précédentes décisions."

Le projet de résolution "affirme que toute décision ou action prétendant modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n'a aucune valeur légale, est nulle et non avenue et doit être annulée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité".

S'il ne cite pas directement l'initiative de Donald Trump, le texte dit "regretter profondément les récentes décisions concernant le statut de Jérusalem".

Israël, qui accuse depuis longtemps les Nations unies de partialité dans le conflit israélo-palestinien, en sa défaveur, a plusieurs fois salué l'initiative de Donald Trump.

"UNION POUR LE MAINTIEN DE LA PAIX"

Bouleversant la ligne observée depuis des décennies par ses prédécesseurs, le président américain a annoncé le 6 décembre que les Etats-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale d'Israël, une initiative unilatérale qui a suscité de vives critiques de la communauté internationale.

Israël a conquis Jérusalem-Est, partie arabe de la ville, lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'a ensuite annexée, proclamant la ville réunifiée sa capitale, une décision non reconnue par l'Onu. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

Dans sa résolution 2334 adoptée en décembre dernier grâce à l'abstention des Etats-Unis, alors encore dirigés par Barack Obama, le Conseil de sécurité a souligné "qu'il ne reconnaîtrait aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, "y compris (à) Jérusalem", à l'exception de celles convenues par les parties par la voie de négociations.

En cas de veto américain au projet égyptien, les Palestiniens pourraient invoquer un article rarement employé de la Charte des Nations unies qui demande aux parties prenantes à un contentieux de ne pas user de leur droit de veto, explique Arab News.

Mais ils devraient plutôt choisir de porter la question devant l'Assemblée générale de l'Onu, en vertu de la résolution 377A, connue sous le nom de résolution "Union pour le maintien de la paix". Cette résolution adoptée en 1950 a été utilisée pour autoriser le déploiement de troupes américaines en Corée.

Les Palestiniens y avaient recouru dans les années 1990 quand Israël avait entamé la construction d'une colonie sur la colline d'Abou Ghneim, en Cisjordanie occupée au sud de Jérusalem, des travaux condamnés par l'Assemblée générale lors d'une session extraordinaire.

"Si la résolution est censurée, la délégation palestinienne peut envoyer une lettre au secrétaire général et lui demander de rouvrir cette session extraordinaire", a déclaré Riyad Mansour, cité par Arab News.

(Sami Aboudi; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)