Ebauche d'accord pour les prisons, le mouvement continue

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Ebauche d'accord pour les prisons, le mouvement continue[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le mouvement des gardiens de prison a repris jeudi matin malgré la mise au point mercredi d'un document de travail lors de discussions entre deux syndicats de surveillants et la direction de l'administration pénitentiaire (DAP).

L'Ufap-Unsa Justice et la CGT pénitentiaire entendent maintenir la pression pour obtenir du gouvernement des engagements précis et financés en matière de conditions de travail et de sécurité des gardiens.

Selon la DAP, 87 des 188 établissements pénitentiaires, soit 46%, étaient touchés jeudi matin, dont les deux tiers par des blocages et le reste par des retards de prise de service.

Le mouvement a été déclenché par l'agression à l'arme blanche de trois surveillants et d'un gradé de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 11 janvier, par un détenu de nationalité allemande converti à l'islam, Christian Ganczarski, condamné à 18 ans de prison pour complicité dans l'attentat de 2002 contre une synagogue de Djerba, en Tunisie.

Selon les deux syndicats et la DAP, le document de travail transmis à la chancellerie et aux services du Premier ministre porte sur l'amélioration de la sécurité des surveillants, la reconnaissance de leur métier, la gestion des détenus violents, une meilleur étanchéité entre détenus ordinaires et radicalisés ou condamnés pour faits de terrorisme, et les moyens en effectifs et en équipements.

"Sur ces bases, les travaux se poursuivront en vue de parvenir à des résultats concrets", assure-t-on à la DAP.

TENSION À FLEURY-MÉROGIS

"Ce n'est qu'un document de travail", a cependant dit à Reuters le secrétaire général de l'Ufap-Unsa, Jean-François Forget, selon qui l'impact budgétaire des mesures envisagées nécessite un arbitrage de Matignon.

"Nous attendons le retour de la Chancellerie et de Matignon. Nous n'arrêterons notre mouvement que quand les personnels jugeront que le compte y est", a-t-il averti tout en ajoutant : "Nous sommes prêts à repartir en discussion."

Le syndicat SNP-FO, qui insiste sur la revalorisation du statut et des salaires des gardiens, s'est désolidarisé de ces discussions mais ses adhérents participent aux blocages.

Selon le secrétaire local SNP-FO de Fleury-Mérogis (Essonne), Thibault Capelle, la situation a été particulièrement tendue jeudi matin dans cet établissement où est notamment détenu le dernier survivant présumé des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam.

Des adhérents des trois syndicats ont bloqué l'entrée de l'établissement à 6h00 du matin et les forces de l'ordre sont intervenues à coups de gaz lacrymogènes, a-t-il dit à Reuters.

Le blocage a été levé vers 10h30 mais la paralysie des parloirs a provoqué des tensions avec les détenus d'un des bâtiments, où une équipe régionale d'intervention et de sécurité (ERIS, unité d'élite de la DAP) a dû intervenir, a-t-il ajouté.

Selon la DAP, 123 détenus, en cours de promenade, refusaient en fin de matinée de réintégrer leur cellule, sans toutefois émettre de revendication. En début d'après-midi, les hommes de l'ERIS maîtrisaient la situation et ces détenus ont regagné leur cellule, précise-t-on de même source.

"Il n'y a ni dégât matériel ni blessé", dit la DAP, selon laquelle quelques autres établissement ont également connu une situation tendue, dont Fresnes (Val-de-Marne).

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)