Vers un crédit moins facile aux sociétés endettées, selon Villeroy

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le Haut comité de stabilité financière (HCSF) se tient prêt à faire plus pour limiter la croissance rapide de l'endettement des grandes entreprises françaises en imposant notamment une surcharge de fonds propres aux banques qui leur prêtent, a déclaré jeudi le gouverneur de la Banque de France.

"Si les risques sur le cycle du crédit devaient perdurer - c'est-à-dire une croissance significativement plus forte que celle justifiée par les fondamentaux économiques - nous nous tenons prêts à agir davantage à tout moment en 2018, dont si nécessaire en activant un 'coussin contracyclique' de capital" pour les banques, a dit François Villeroy de Galhau.

Le gouverneur, qui présentait ses voeux à la place financière de Paris, a rappelé que le HCSF, inquiet des risques liés à la montée de l'endettement des acteurs privés, avait déjà agi en décidant en décembre de limiter l'exposition des banques françaises aux grandes entreprises nationales les plus endettées à l'équivalent de 5% de leurs fonds propres.

La mesure s'appliquera au 1er juillet prochain après l'accord attendu des autorités européennes.

Mis en place en 2014, le HCSF est l'autorité de supervision du secteur financier français dans son ensemble, avec pour mission d'en préserver la stabilité et sa capacité à financer l'économie sur une base soutenable.

Il se réunit sur une base trimestrielle sous la présidence du ministre de l'Economie et des Finances.

Dans son communiqué de décembre, le HCFP relevait que le crédit aux entreprises a connu "une hausse presque continue depuis 2005" en France, à l'inverse de ce qui est constaté dans les autres grands pays européens.

La France contribue pour une large part à la croissance du crédit actuellement en zone euro, avec un rythme qui atteint plus de 7% par an en moyenne ces dernières années pour ses grandes entreprises contre à peine plus de 1% pour les PME.

Le HCSF notait encore que les entreprises les plus endettées contribuent "de manière significative à l'accroissement de la dette nette" et s'inquiétait de "la soutenabilité de cette trajectoire" et de la sensibilité de la santé financière de ces entreprises à une remontée des taux.

De source proche de Bercy, on a précisé qu'une dizaine de grandes entreprises françaises étaient concernées par les restrictions alors annoncées.

"Cela ne veut pas dire que les banques françaises sont très exposées et qu'il y a un risque particulier de crédit à brève échéance", a-t-on expliqué au ministère. "Mais on veut lancer un signal assez clair. On estime sain que l'endettement de ces entreprises n'augmente pas".

(Yann Le Guernigou et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)