RPT-Rémy Cointreau tourne toujours à plein régime mais l'euro va peser

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Remy cointreau penalise au troiseme trimestre par des effets calendaires[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - (Répétition pour cause de mastic au troisième paragraphe.)

Rémy Cointreau, dont les ventes de cognac continuent de tourner à plein régime, a révisé en hausse l'impact négatif des changes sur son résultat opérationnel courant (ROC) annuel, provoquant une correction du titre en Bourse.

Le propriétaire du cognac Rémy Martin, de la liqueur Cointreau et du rhum Mount Gay a chiffré à 17 ou 18 millions d'euros l'impact négatif de la progression de l'euro face au dollar, au lieu des 10 à 11 millions anticipés jusque là.

Cette prévision a provoqué un retournement du titre en Bourse, la valeur cédait 2,98% à 107,3 euros à 11h07 - affichant ainsi la 2e plus forte baisse de l'indice SBF 120 (+0,45%) - après avoir gagné plus de 1,5% en début de séance.

La valeur, qui signe une hausse de plus de 35% depuis un an, se traite sur des multiples de 32,2 fois les bénéfices estimés pour 2018-2019, un niveau proche des valorisations les plus élevées du luxe comme Hermès (36,6 fois) et très supérieur à celui du britannique Diageo, leader mondial des spiritueux (20,7 fois).

"En dépit de la forte demande mondiale de cognac; nous pensons que Rémy se traite bien au-dessus de sa valeur intrinsèque", observe Liberum, à la vente sur le titre.

Hors impact de change, le groupe pense pouvoir dépasser le consensus de 11% de croissance du ROC 2017-2018, a précisé le directeur financier Luca Marotta lors d'une conférence téléphonique.

Au troisième trimestre de son exercice 2017-2018, Rémy Cointreau a pâti du calendrier de ses livraisons de cognac pour les fêtes du nouvel an chinois.

Sa croissance organique a été limitée à 3,2%, un chiffre légèrement supérieur aux 2,7% attendus par les analystes, après une progression de 7% au cours des six premiers mois de l'exercice.

Ce ralentissement s'explique par le décalage des livraisons de cognac. Le nouvel an chinois étant plus tardif cette année (le 16 février), elles s'effectuent au quatrième trimestre alors qu'elles avaient eu lieu au troisième trimestre l'an dernier.

POURSUITE D'UNE HAUSSE A 2 CHIFFRES

La progression des ventes de Rémy Martin, principal centre de profit du groupe, a ainsi été limitée à 5,5% après une hausse de 15,4% au premier semestre, sur une base de comparaison particulièrement élevée: les ventes avaient décollé de 22% il y a un an, avec la reprise du marché chinois et les livraisons du nouvel an.

En dehors de ces effets calendaires, les tendances sous-jacentes demeurent "extrêmement positives" pour le cognac en Chine, avec une hausse des ventes toujours supérieure à 10%, a précisé Luca Marotta qui s'est dit "très optimiste" au regard des expéditions en cours pour les fêtes du nouvel an.

Comme ses concurrents Hennessy, propriété de LVMH, et Martell, détenu par Pernod Ricard, Rémy Martin profite d'un fort rebond de la demande de produits de luxe en Chine auprès des classes moyennes-supérieures après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.

La performance de Rémy Martin reste par ailleurs très solide aux Etats-Unis, devenus son premier marché.

Retraitée des effets calendaires chinois, la croissance organique de Rémy Cointreau aurait été d'environ 6% au 3e trimestre.

Les ventes du pôle liqueurs et spiritueux (Cointreau, Mount Gay, Metaxa, Bruichladdich), qui avaient reculé de 4,5% au cours des six premiers mois, ont quant à elles encore perdu 2,6%, affectées par la déconsolidation de Passoa.

Repositionné exclusivement sur le segment du luxe, il s'est fixé pour objectif de réaliser plus de 60% de ses ventes dans les produits à plus de 50 dollars la bouteille (contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015) à l'horizon 2019-2020.

Au total, ses ventes ont atteint 317,7 millions d'euros au 3e trimestre, accusant une baisse 1,7% en données publiées, et 862,1 millions sur neuf mois, en progression de 3,0%.

(Edité par Gilles Guillaume)