Travert promet de rééquilibrer les prix agricoles

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(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a promis vendredi "fermeté et engagement" de l'État dans le rééquilibrage du secteur agro-alimentaire amorcé à la fin de l'année dernière, sur fond de "difficiles" négociations commerciales.

A mi-parcours de négociations de trois mois entre industriels et distributeurs destinées à fixer les prix annuels des produits, un comité de suivi réclamé par le syndicat agricole FNSEA a été organisé au ministère pour vérifier que la charte signée lors des états généraux de l'alimentation, l'année dernière, était respectée.

Le texte, qui entend mettre fin à la guerre des prix mortifère dans la filière, va être suivi le 31 janvier prochain de la présentation d'un projet de loi pour acter notamment l'imposition aux distributeurs d'un seuil de revente à perte de 10% sur les produits alimentaires et une limite de 34% aux promotions dans les supermarchés.

Rappelant la promesse d'Emmanuel Macron d'une meilleure répartition de la valeur afin d'assurer un revenu décent aux agriculteurs, Stéphane Travert a prévenu que "si ces efforts ne sont pas réalisés, certaines dispositions pourraient être revues" dans le projet de loi.

"Les premiers éléments montrent que l'application de la charte est inégale", a déclaré Delphine Gény-Stéphan, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, lors d'un point de presse au côté de Stéphane Travert, qui a fait état pour sa part de certaines "demandes de déflation très fortes" et de négociations "difficiles".

Pour Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, les négociations en cours démontrent que "la distribution ne joue pas le jeu" et continue ses pressions déflationnistes avec, dit-elle, des baisses de prix de 2 à 8% dans 75% des négociations, où les industriels ont l'obligation d'indiquer la part du prix qu'ils entendent reverser aux producteurs.

Selon Christiane Lambert, même dans les secteurs où les distributeurs seraient prêts à consentir des augmentations de prix aux industriels, comme les produits crémiers après la crise du beurre, "les hausses ne passent pas" aux producteurs.

Jacques Creyssel, secrétaire général de la fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui réunit notamment Carrefour, Auchan, Casino et Cora, déplore pour sa part des hausses de prix demandées par les industriels sans lien avec un progrès des prix producteurs.

"Nous avons parfois le sentiment que la charte que nous avons signée sert un peu de prétexte à des augmentations qui ne les servent pas", a-t-il déclaré, réfutant par ailleurs toute conclusion hâtive sur les négociations, à un mois et demi de leur conclusion fin février.

"C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses, pas au début."

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)