Nombreux morts dans l'attaque d'un hôtel de luxe à Kaboul

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Fin du siege de l'hotel inter continental de kaboul[reuters.com]
(Crédits : Mohammad Ismail)

par Akram Walizada et Mirwais Harooni

KABOUL (Reuters) - Plus de 30 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées dans la nuit de samedi à dimanche lors de l'attaque de l'Hôtel Inter Continental de Kaboul par un commando taliban, selon un nouveau bilan, toujours provisoire, obtenu de source proche des services de sécurité.

Le ministère afghan de la Santé publique a rapporté que 19 personnes avaient été tuées dont six étrangers. Mais un responsable de la sécurité, s'exprimant sous condition d'anonymat, a déclaré que l'attaque avait fait plus de 30 morts et que le bilan allait encore s'alourdir.

Parmi ces personnes décédées figurent des membres du personnel de l'hôtel, des clients et des membres des forces de sécurité.

A Kiev, le gouvernement ukrainien a annoncé que six Ukrainiens avaient été tués dans cette attaque. Des médias afghans parlent également de Vénézuéliens au nombre des morts.

Il a fallu treize heures aux forces de sécurité afghanes pour reprendre le contrôle de l'établissement de luxe après cette attaque revendiquée par les taliban. Les assaillants, au nombre de cinq, ont tous été tués, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najib Danesh.

Plus de 150 clients de l'hôtel ont réussi à prendre la fuite pendant l'assaut, alors que des parties du bâtiment étaient en feu. Certains ont été secourus par les forces de sécurité, d'autres ont pu s'enfuir par les fenêtres des étages supérieurs en se laissant glisser le long de l'immeuble grâce à des draps noués entre eux.

La compagnie aérienne afghane Kam Air a dit qu'une quarantaine de ses pilotes et membres d'équipage, parmi lesquels de nombreux étrangers, étaient présents à l'hôtel au moment de l'assaut et qu'une dizaine d'entre eux auraient été tués.

Abdul Rahman Naseri, un client de l'hôtel, se trouvait dans le hall quand il a vu arriver quatre hommes armés déguisés en militaires. "Ils criaient en pachto: 'Ne laissez personne vivant!'. L'un d'eux a crié: 'Tuez-les tous!'"

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a imputé la responsabilité de l'attaque au réseau Haqqani, allié aux taliban.

GHANI ACCUSE LE PAKISTAN

Alors que l'aube se levait sur la capitale afghane, d'épais nuages de fumée noire continuaient de s'élever de l'hôtel, l'un des deux principaux établissements de luxe de la ville.

Plusieurs véhicules blindés américains équipés de fusils mitrailleurs ont été aperçus à proximité de l'hôtel, aux côtés d'unités de police afghanes.

Jeudi, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul avait diffusé une alerte concernant le risque d'attaques visant des hôtels, alors que l'armée américaine a intensifié ses opérations contre les insurgés islamistes en dehors de la capitale afghane.

Les circonstances de l'attaque restent floues, le ministère de l'Intérieur se contentant de noter que la sécurité de l'hôtel avait été confiée à une entreprise privée trois semaines plus tôt.

Le directeur de l'hôtel, Ahmad Haris Nayab, qui est sorti sain et sauf, a déclaré que les assaillants avaient pénétré dans la partie principale de l'établissement en passant par les cuisines.

L'hôtel, situé sur une colline et placé sous haute protection, avait déjà été la cible d'une attaque des taliban en 2011.

Ce bâtiment imposant datant des années 1960 est souvent utilisé pour des conférences et événements officiels.

S'il en partage le nom, l'établissement n'appartient pas au groupe InterContinental Hotels Group (IHG) depuis 1980, selon IHG.

La sécurité à Kaboul a été encore renforcée l'an dernier après une série d'attentats, dont l'un au camion piégé a fait au moins 150 morts en mai dernier devant l'ambassade d'Allemagne.

Des quartiers entiers du centre-ville sont protégés par de hauts blocs de béton et des barrages policiers.

Le président afghan Ashraf Ghani a ordonné une enquête sur l'attaque de l'hôtel et déclaré que les assaillants étaient aidés par des pays voisins, allusion au Pakistan.

"Tant que des groupes terroristes bénéficieront d'une protection et d'un sanctuaire, la région ne connaîtra ni sécurité ni stabilité", a déclaré le chef de l'Etat afghan.

(Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André)