Allemagne : Le SPD se prononce sur une coalition avec les conservateurs

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Allemagne: le spd se prononce sur une coalition avec les conservateurs[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Holger Hansen et Paul Carrel

BONN (Reuters) - Le président du Parti social-démocrate (SPD) allemand, Martin Schulz, a lancé dimanche devant le SPD réuni en congrès un vibrant appel en faveur de l'ouverture de négociations formelles avec les conservateurs pour former un gouvernement de grande coalition.

Le numéro un du SPD est confronté à une vive opposition venue aussi bien de l'aile gauche du parti que de ses jeunes militants, qui estiment que le SPD doit rester dans l'opposition pour se réinventer après avoir subi en septembre son plus mauvais résultat électoral de l'après-guerre (20,5% des voix).

La CDU, son alliée bavaroise la CSU et le SPD ont signé le 12 janvier un premier accord préparatoire en vue d'une "grande coalition", comme celle qui a dirigé l'Allemagne ces quatre dernières années. Mais l'accord doit être validé par un vote, attendu dans la journée, de quelque 600 délégués sociaux-démocrates réunis à Bonn.

Ce vote sera suivi de près par tous les dirigeants européens, qui espèrent voir l'Allemagne sortir de la période d'incertitude politique dans laquelle le pays est plongé depuis les élections législatives du 24 septembre.

"Le SPD doit et sera visible, audible et reconnaissable !", a lancé Martin Schulz dans un discours aux délégués, recueillant de nombreux applaudissements. "Nous vous demandons votre approbation pour ouvrir des négociations de coalition."

"La question est: des négociations de coalition ou de nouvelles élections. Je ne crois pas que de nouvelles élections soient la bonne voie pour nous", a ajouté le chef du SPD, dont la formation a encore baissé dans les sondages depuis septembre.

Après son intervention, plusieurs jeunes dirigeants du SPD se sont succédé à la tribune pour défendre le point de vue inverse.

PRONOSTICS

Le bloc conservateur a profité de ses années de gouvernement avec les sociaux-démocrates, qui n'ont pas été en mesure d'appliquer leur politique, a regretté Kevin Kühnert, le chef des "Jusos", les jeunes du SPD.

"Si on tenait un bar, on pourrait dire que l'Union (la CDU-CSU) a fait grimper la facture à notre place pendant des années", a-t-il dit, recueillant au moins autant d'applaudissements que Martin Schulz.

Plusieurs membres de l'état-major du SPD ont exprimé samedi leur optimisme sur les chances de voir leur formation politique approuver l'ouverture de discussions.

Cet optimisme est notamment alimenté par la recommandation faite à ses membres par le SPD de Rhénanie-du-Nord-Westphalie d'approuver ces discussions. Elle a toutefois assorti cette préconisation d'une exigence, celle de voir leur chef de file, Martin Schulz, obtenir davantage de concessions sur les questions du travail, de la santé et de l'immigration.

"Nous nous battrons pour des améliorations lors des négociations de coalition si nous pouvons poursuivre les discussions", a promis Martin Schulz.

"Je m'attends à ce qu'une majorité soutienne les négociations sur la coalition", a déclaré Andrea Nahles, chef du groupe parlementaire SPD, dans un entretien au Welt am Sonntag.

Lars Klingbeil, secrétaire général du SPD, a lui aussi déclaré au quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung s'attendre à ce que les délégués approuvent l'ouverture des négociations.

"Le SPD sait très bien ce qu'il veut, ce qu'il ne veut pas et ce qui est bon pour le peuple dans le pays", a-t-il dit.

Si Martin Schulz obtient ce dimanche le feu vert des délégués, il faudra encore qu'un accord de coalition définitif soit approuvé par l'ensemble des membres du parti de centre gauche.

(Avec la contribution de Michael Nienaber, Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)