Le SPD approuve l'ouverture de négociations avec les conservateurs

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Le spd approuve le principe de negociations avec les conservateurs[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Holger Hansen et Paul Carrel

BONN (Reuters) - Les sociaux-démocrates allemands ont approuvé dimanche l'ouverture de négociations formelles avec les conservateurs en vue de constituer un gouvernement de grande coalition quatre mois après les élections législatives marquées par le recul des deux camps.

Les délégués du SPD réunis en congrès à Bonn ont donné leur feu vert par 362 voix pour, 279 voix contre, et une seule abstention.

Ce vote était suivi de près par tous les dirigeants européens, qui espèrent voir l'Allemagne sortir de la période d'incertitude politique dans laquelle le pays est plongé depuis les élections législatives du 24 septembre.

Les négociations entre SPD, CDU (Union chrétienne-démocrate) et son alliée bavaroise la CSU (Union chrétienne-sociale) devraient débuter cette semaine. Pour l'heure, le calendrier n'a pas encore été arrêté.

Elles s'appuieront sur un premier accord préparatoire conclu le 12 janvier au terme des "discussions exploratoires" entre les trois formations, qui ont déjà gouverné ensemble, sous la direction d'Angela Merkel, de 2005 à 2009 et de 2013 à 2017.

A Berlin, la chancelière fédérale a salué le vote des sociaux-démocrates. "Le projet issu des discussions exploratoires sera le cadre sur lequel nous négocierons et il reste de nombreuses questions à éclaircir dans le détail, ce qui nécessitera des discussions intensives", a dit Merkel.

Avant le vote, le président du SPD Martin Schulz avait lancé un vibrant appel en faveur de l'ouverture de négociations, estimant qu'en l'absence de gouvernement, l'Allemagne se dirigerait vers de nouvelles élections potentiellement catastrophiques pour le SPD.

"On ne doit pas gouverner à n'importe quel prix. Mais on ne doit pas non plus être prêt à payer n'importe quel prix pour refuser de gouverner", avait plaidé l'ancien président du Parlement européen.

S'exprimant à l'issue du vote, il s'est dit "naturellement soulagé".

"Les discussions sur la coalition seront aussi difficiles que les discussions exploratoires", a-t-il cependant ajouté.

"VISIBLE, AUDIBLE ET RECONNAISSABLE"

Le numéro un du SPD était confronté à une vive opposition venue aussi bien de l'aile gauche du parti que de ses jeunes militants, les "Jusos", qui estimaient le parti de centre-gauche devait rester dans l'opposition pour se réinventer après avoir subi en septembre son plus mauvais résultat électoral de l'après-guerre (20,5% des voix).

"Le SPD doit et sera visible, audible et reconnaissable !", a promis Schulz dans son discours aux délégués. "La question est: des négociations de coalition ou de nouvelles élections. Je ne crois pas que de nouvelles élections soient la bonne voie pour nous", a ajouté le chef du SPD, dont la formation a encore baissé dans les sondages depuis septembre.

Après son intervention, plusieurs jeunes dirigeants du SPD s'étaient succédé à la tribune pour défendre le point de vue inverse.

Le bloc conservateur a profité de ses années de gouvernement avec les sociaux-démocrates, qui n'ont pas été en mesure d'appliquer leur politique, a notamment regretté Kevin Kühnert, le chef des "Jusos", les jeunes du SPD.

La motion approuvée par les délégués dimanche souligne que les négociateurs sociaux-démocrates devront tenter d'obtenir davantage de concessions des conservateurs sur les questions du travail, de la santé et de l'immigration.

L'accord de coalition définitif devra être approuvé par l'ensemble des membres du SPD.

Horst Seehofer, le chef de la CSU, la branche bavaroise du bloc chrétien-démocrate, a estimé que le score relativement serré du vote de Bonn ne faciliterait pas les négociations.

(avec Michael Nienaber à Berlin; Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame, Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)