Belloubet relance les discussions avec les gardiens de prison

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Le mouvement des gardiens de prison dans sa 2e semaine[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

PARIS (Reuters) - La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a repris en main lundi les discussions avec les syndicats pénitentiaires pour tenter de mettre fin au mouvement de colère des gardiens de prison, entré dans sa deuxième semaine.

Après une rencontre avec les syndicats représentatifs, elle a promis de "retravailler" mardi avec eux les propositions de la direction de l'administration pénitentiaire (DAP) en matière de sécurité mais aussi d'aborder la question indemnitaire.

La garde des Sceaux s'est en revanche montrée beaucoup moins allante en matière d'augmentation des effectifs.

Les surveillants demandent une amélioration de leurs conditions de travail, en particulier en matière de sécurité, après une série d'agressions par des détenus, dont certains condamnés pour faits de terrorisme islamiste ou radicalisés.

L'Ufap-Unsa Justice et la CGT pénitentiaire ont rejeté samedi, après consultation de leur base, un projet d'accord issu d'une première phase de discussions avec la DAP mais sans le syndicat SNP Force ouvrière, la semaine dernière.

Ce document prévoyait notamment la création de 1.100 postes de surveillants en quatre ans, un nouveau régime de détention des condamnés pour terrorisme islamiste et pour les prisonniers radicalisés, un renforcement de la prise en charge des détenus violents et un effort en matière d'équipement, de formation et de reconnaissance.

Les trois syndicats ont appelé ce week-end à un blocage total des établissements pénitentiaires et faisaient état en tout début de matinée de 130 à 145 établissements pénitentiaires sur 188 touchés par le mouvement.

Mais selon la DAP, il ne restait plus en début d'après-midi que 13 établissements où les équipes de jour refusaient de prendre leur service, dont sept dans lesquels gendarmes et policiers sont intervenus pour suppléer les policiers.

La DAP faisait également état du blocage de dix autres établissements pénitentiaires bloqués.

L'UFAP-UNSA APPELLE À POURSUIVRE LE MOUVEMENT

Après un long entretien avec les dirigeants des syndicats, Nicole Belloubet a dit prendre acte du rejet du relevé de conclusions de la semaine dernière, malgré, a-t-elle dit, des "éléments extrêmement positifs pour la sécurité des personnels".

Elle est convenue avec ces syndicats de "retravailler" avec eux mardi les propositions en matière de sécurité et d'emploi.

"Ils ont également souhaité, et je leur ai fait part de mon accord de ce point de vue-là, que la question indemnitaire soit abordée", a-t-elle ajouté.

Elle a toutefois jugé "très élevé" le chiffre de 200 millions d'euros avancé pour satisfaire les revendications du SNP FO en la matière.

Concernant les effectifs, elle a jugé que 1.100 emplois en plus sur quatre ans constituait déjà "un effort conséquent", alors que le SNP FO réclame la création de 2.500 postes.

"Je vais voir ce que je peux proposer mais je ne suis pas certaine de pouvoir faire des efforts beaucoup plus considérables de ce point de vue-là", a-t-elle dit.

"Mon souhait est que le fonctionnement normal des établissements pénitentiaires reprenne le plus rapidement possible", a ajouté la garde des Sceaux.

Dans une première réaction, l'Ufap-Unsa Justice a estimé sur son compte twitter qu'elle ne proposait "rien de concret" et appelé à reconduire le mouvement des surveillants, "qui se doit d'être plus fort que jamais".

Selon le secrétaire général adjoint de SNP FO, Yoan Karar, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, est intervenu pendant le week-end auprès de la présidence de la République pour tenter de débloquer la situation.

(Emmanuel Jarry, avec Caroline Pailliez et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)