La majorité mobilise pour orienter l'épargne vers les PME

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - La majorité présidentielle, qui compte doubler la part de l'épargne contribuant au financement des PME lors du quinquennat, a appelé lundi à la mobilisation des professionnels du secteur financiers en ce sens.

"Il n'y a pas de temps à perdre (...) vous devez tous redevenir de réels intermédiaires entre l'épargne des Français et les projets d'investissement de nos entrepreneurs" a déclaré la députée La République En Marche (LaRem) de l'Essonne Amélie de Montchalin, qui a réuni lundi à l'Assemblée nationale acteurs de la finance et parlementaires de la majorité pour un "Grand rendez-vous de l'investissement productif".

Objectif de cette réunion organisée autour du slogan #MakeOurEconomyGreatAgain, dérivé du leitmotiv du président américain Donald Trump "Make America great again": relancer "la chaîne du financement (qui) s'est grippée", alors que les choix financiers des Français sont trop souvent "piloté(s) par l'impôt et les niches fiscales".

"Notre objectif est de doubler sur le quinquennat l'investissement de l'épargne des Français dans les fonds propres des PME", en le faisant passer de cinq à dix milliards d'euros par an, a déclaré Amélie de Montchalin, chef de file des députés LaRem à la commission des Finances de l'Assemblée.

Avec la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital "les politiques (...) ont rempli leur part du contrat", a-t-elle estimé en notant que la balle est désormais dans le camp des intermédiaires financiers.

Ces deux mesures du premier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron, régulièrement dénoncées par l'opposition de gauche comme étant favorables aux plus aisés, ont permis de "libérer de l'épargne qui va pouvoir financer nos PME", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

PRUDENCE ET AUDACE

Mais si les intermédiaires financiers "ne s'y mettent pas, nous n'arriverons à rien", a-t-il prévenu en jugeant que c'est aux professionnels qu'il incombe "de mieux commercialiser, de mieux conseiller les clients, de mieux orienter leurs décisions" en expliquant que "la prudence peut se conjuguer avec un peu d'audace".

Un message également défendu par le Premier ministre Edouard Philippe en ouverture des débats.

Pour permettre aux entreprises françaises de se financer plus facilement, il faut selon lui "donner envie" d'investir à la fois aux investisseurs étrangers mais aussi aux épargnants français.

Pour cela, il faut "leur démontrer par A+B que leur argent sera plus utile et surtout plus rentable pour eux dans le capital d'une entreprise française que sur leur compte à vue ou sur un produit d'épargne réglementée" car "l'argent qui travaille rapporte plus que celui qui dort", en particulier dans un environnement de taux bas qui rend peu intéressants des produits très prisés des épargnants comme le Livret A ou l'assurance-vie, a plaidé le Premier ministre.

Pour Amélie de Montchalin, les produits destinés à favoriser l'allocation de l'épargne dans l'économie productive sont déjà "nombreux et attractifs" (PEA, PEA-PME, PERP, PERCO, etc) et les changements à mettre en oeuvre relèvent des relations des intermédiaires financiers avec les épargnants d'une part, avec les entrepreneurs d'autre part, et enfin entre eux.

Une première série de 120 propositions ont été soumises par les intermédiaires financiers aux députés LaRem de la commission des Finances, et les échanges vont se poursuivre dans la perspective d'un nouveau "rendez-vous de l'investissement productif" avant l'été.

Les pistes retenues "ont vocation à être intégrées dans le Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises", a souligné Bruno Le Maire, en référence au projet de loi Pacte qu'il présentera au printemps.

Pour compléter les discussions entre parlementaires et acteurs de la finance, il organisera de son côté à Bercy un forum sur l'investissement en actions en France "pour faire progresser le dialogue entre les entreprises, leurs besoins de financement et les épargnants".

(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)