Fort d'un contrat avec Boeing, Daher veut s'américaniser

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Fort d'un contrat avec boeing, daher veut s'americaniser[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - L'équipementier aéronautique Daher vise un tiers de son chiffre d'affaires en Amérique en 2022 dans le cadre de son nouveau plan stratégique dévoilé mercredi, s'appuyant sur la signature de son premier contrat avec Boeing, a déclaré à Reuters son directeur général.

La société familiale non cotée s'apprête aussi à lancer une filiale autonome d'éditions de logiciels de gestion de la chaîne de fournisseurs et de logistique inspirée du modèle adopté par Dassault Systèmes pour les bureaux d'études, a précisé Didier Kayat lors d'un entretien.

Daher, qui fournit notamment les trappes de trains d'atterrissage de l'A350 d'Airbus, compte passer d'un chiffre d'affaires de 1,1 milliard d'euros en 2017 à 1,5 milliard en 2022, dont quelque 500 millions dans quatre pays-clés américains (Etats-Unis, Canada, Mexique et Brésil).

"Je veux faire de Daher USA un Daher américain", a déclaré Didier Kayat, disant vouloir racheter ou sinon construire une usine aux Etats-Unis pour compléter son usine mexicaine.

Daher, qui fournit déjà le motoriste Pratt & Whitney Canada, l'américain Gulfstream et le canadien Bombardier, compte commencer à livrer en septembre à Boeing depuis la France des pièces en thermoplastique, matériau plus maléable que le composite classique tout en restant plus léger que le métal.

La sélection de Daher par Boeing est à même de susciter l'intérêt de constructeurs aéronautiques en Asie, où le groupe français pose des jalons sur la base de sa chaîne d'aménagement de l'A330 d'Airbus à Tianjin, près de Pékin.

UNE INTRODUCTION EN BOURSE PAS TABOUE

La société familiale, dont les capacités d'endettement suffisent "amplement" à son développement, n'exclut pas d'envisager une introduction en Bourse si nécessaire, a précisé Didier Kayat.

"Mais ce n'est pas très intelligent dans l'aéronautique parce que publier des résultats au trimestre sur des stratégies de transformation à 20 ans : il y a une incompatibilité", a-t-il observé.

Daher, qui a pour principaux concurrents le français lui aussi non coté Stelia, le britannique GKN et l'américain Spirit, pourrait aussi accueillir un actionnaire externe si besoin, la famille ayant pour seule limite de ne pas descendre en deçà de 51% contre 87,5% actuellement (le solde étant détenu par Bpifrance).

Le groupe, dispensé de communiquer sur sa rentabilité et sa dette, compte mettre à profit sa liberté de manoeuvre pour devenir l'un des référents de l'aéronautique dans le digital.

Didier Kayat espère définir d'ici la fin du trimestre la gouvernance et le tour de table de sa nouvelle entité, qui pourrait également compter Bpifrance.

"Si on le développe dans Daher on va le tuer donc on le développera à côté de façon autonome de façon à ce qu'il puisse jouer avec les codes de l'éditeur de logiciel", a-t-il dit.

Daher prend exemple sur General Electric qui a annoncé fin décembre porter de 77% à 95% sa participation dans le suédois Arcam, fabricant d'imprimantes 3D de plus en plus en utilisées dans la production industrielle après avoir été réservées aux prototypes.

Le groupe lance également une petite implantation dans la Silicon Valley pour établir des liens avec des start-up et surveiller les opportunités d'acquisitions.

Il utilise aussi le TBM, son monopropulseur de six places dont il a vendu 57 unités en 2017, comme plate-forme d'expérimentation dans la maintenance prédictive et dans l'amélioration des performances des pilotes en termes de consommation de carburant.

(Edité par Dominique Rodriguez)