Telecom Italia dément tout départ éventuel de Genish

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Telecom italia dement le depart prochain de genish[reuters.com]
(Crédits : Remo Casilli)

par Paola Arosio et Danilo Masoni

MILAN (Reuters) - Telecom Italia (TIM) a démenti mercredi une information voulant que son administrateur délégué Amos Genish soit peut-être sur le départ, mais plusieurs sources ont fait état de tensions croissantes entre lui et Vivendi , l'actionnaire principal de l'opérateur télécoms italien.

Amos Genish, transfuge de Vivendi et proche de son propriétaire Vincent Bolloré, a pris les commandes de TIM à la fin septembre, devenant son troisième administrateur délégué en moins de deux ans. Ses prédécesseurs étaient partis en raison de désaccords avec le groupe français qui détient une participation de 24% dans TIM.

Le président de TIM, Arnaud de Puyfontaine, également président du directoire de Vivendi, a déclaré dans un communiqué que le conseil d'administration avait pleinement confiance en Amos Genish, "dont nous partageons la stratégie et la vision". Il a ajouté que le conseil d'administration était jusqu'à présent "très satisfait" du travail accompli.

Dans ce même communiqué, Amos Genish déclare qu'il est déterminé à relancer TIM et à affiner le plan industriel 2018-2020, "un projet personnel et professionnel à long terme".

Vivendi a formellement démenti la rumeur rapportée par le quotidien financier Il Sole 24 selon laquelle Amos Genish pourrait quitter l'opérateur de télécommunications historique.

Le quotidien mentionne Francesco Caio, l'ancien administrateur délégué de Poste Italiane, et Stefano de Angelis, un responsable de TIM, comme de possibles remplaçants.

"DÉSACCORDS PROFONDS"

Plusieurs sources proches de TIM ont toutefois fait état de "désaccords profonds" entre Amos Genish et Vivendi.

"Genish et Vivendi ne sont plus sur la même longueur d'onde. Vivendi ne veut pas donner d'autonomie à ses managers et Genish est seul dans une entreprise très difficile", a rapporté l'une d'elles. "Il semble que nombreux sont ceux qui quittent la société et qu'il soit difficile de trouver des remplaçants de haut niveau."

Vivendi essaie toutefois de garder Amos Genish, a ajouté cette source, pour éviter de nuire à l'image de l'entreprise.

Une autre source a dit que Genish avait découvert que TIM, ancien monopole d'Etat, lourdement endetté, était "dans un état bien plus mauvais qu'il ne l'avait imaginé".

Depuis qu'il a pris les commandes de TIM, Amos Genish s'est attaché à rétablir les liens distendus avec Rome.

La reprise en main de TIM par Vivendi a incité Rome à avoir recours à la procédure dite de "golden power", lui permettant d'opposer son veto à certaines décisions, touchant en particulier à des ventes d'actifs, des opérations de fusion et tout changement de contrôle des sociétés considérées comme étant d'importance stratégique pour le pays.

Le ministre italien de l'Industrie Carlo Calenda a dit mercredi ne pas avoir été informé d'un éventuel départ de l'administrateur délégué.

Après avoir rencontré Amos Genish à plusieurs reprises l'année dernière, Carlo Calenda avait dit espérer que les relations entre TIM et le gouvernement entrent dans une phase plus constructive.

L'opérateur italien est confronté à plusieurs défis. L'activité de téléphonie fixe perd de la valeur, de nouveaux concurrents émergent, tant dans l'internet haut débit que sur le marché de la téléphonie mobile, et sa seule activité internationale, au Brésil, est encore en phase de redressement..

Amos Genish a hérité d'une société grevée par 26 milliards d'euros de dettes. En outre, l'arrivée imminente d'Iliad en Italie devrait affecter la rentabilité tandis que les investissements dans le haut débit d'Enel devraient encore compliquer la donne.

Sous la houlette de Vincent Bolloré, Vivendi s'est donné pour ambition de devenir un groupe international de contenus avec un fort ancrage en Europe du Sud. Certains investisseurs ont vu dans la nomination d'Amos Genish une manière pour Vivendi d'y parvenir ou de faire de l'opérateur italien un actif à négocier dans le carde d'une nouvelle phase de fusions dans le secteur des télécoms européens.

Le titre TIM perdait 0,67% à 0,736 euro vers 15h15 GMT en Bourse de Milan, tandis que l'action Vivendi reculait de 0,13% à 23,69 euros à Paris.

(Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)