Les chasseurs vont demander à Macron de se ranger à leurs côtés

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le puissant lobby des chasseurs français va demander jeudi à Emmanuel Macron de confirmer son soutien à la chasse à courre et d'appuyer l'extension de la chasse aux oies, traditionnels chiffons rouges pour les défenseurs de la cause animale.

"Nous allons faire passer plus que des messages", a dit à Reuters le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, avant son rendez-vous avec le chef de l'Etat à l'Elysée - une "visite de courtoisie" selon l'entourage d'Emmanuel Macron. "Nous allons présenter plusieurs dossiers et voir comment le chef d'Etat se positionnera."

"Le président est un pragmatique, il va devoir trancher quelques problèmes auxquels est confronté le monde français de la chasse", a-t-il ajouté, citant notamment l'interdiction de la chasse des oies au-delà du 31 janvier conformément à la directive européenne "Oiseaux".

La décision du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, de ne pas accorder de dérogation à cette directive - contrairement à plusieurs gouvernements précédents - a fait descendre dans la rue un millier de chasseurs à Rochefort (Charente-Maritime) début février.

"Il est évident que le ministre semble confondre son militantisme et sa fonction dès lors que l'on parle de chasse aux oiseaux migrateurs ou de chasse en général", avait réagi en décembre sur Facebook Willy Schraen.

La FNC - qui revendique 1,14 million d'adhérents et fait état de 5 millions de Français détenteurs d'un permis de chasse - demande notamment une autorisation de tirer 5.000 oies maximum en février dans le cadre du futur plan de gestion européen.

La réponse d'Emmanuel Macron - qui pendant sa campagne avait prévenu qu'il serait "rigoureux pour la préservation des espèces protégées" tout en reconnaissant des "aberrations" dans la législation européenne - sera donc scrutée de près jeudi par les chasseurs qui n'excluent pas de nouvelles manifestations.

OREILLE ATTENTIVE

Les chasseurs sont en revanche quasiment assurés de trouver une oreille bienveillante du chef de l'Etat sur la question de la chasse à courre, dénoncée par ses détracteurs comme une pratique "barbare" et qui "heurte profondément" Nicolas Hulot.

A rebours d'une majorité de l'opinion - 84% des Français sont favorables à l'interdiction de la chasse à courre selon un sondage Ifop publié en novembre -, Emmanuel Macron s'oppose à l'interdiction de la chasse traditionnelle.

"Je ne suis pas pour qu'on les arrête parce que ça fait partie du patrimoine français, parce qu'il y a des gens qui sont heureux en le faisant, parce que ça n'enlève rien à personne", avait-il à l'Assemblée générale de la FNC en mars.

Le chef de l'Etat n'est "pas opposé à la chasse à courre mais ne défend pas les chasses traditionnelles type ortolans", précise François Patriat, président du groupe LREM au Sénat et proche d'Emmanuel Macron, qui rappelle que "la chasse à courre est une chasse qui laisse une chance à l'animal".

Le candidat s'était également dit favorable au rétablissement des chasses présidentielles - remplacées par des "battues de régulation" sous la présidence de Nicolas Sarkozy - et avait appelé au développement du tourisme cynégétique encore "trop peu exploité" à ses yeux.

Concernant les chasses présidentielles, "il ne faut pas être honteux, il faut les reconnaître comme un élément d'attractivité", avait-il estimé. "C'est quelque chose qui fascine partout, ça représente la culture française".

Signe de son attachement à cette pratique, le chef de l'Etat avait rencontré des membres de la FNC lors d'une "battue de régulation" à l'occasion d'un week-end familial passé mi-décembre sur le domaine de Chambord (Loir-et-Cher).

En France, la filière chasse représente plus de 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 30.000 emplois non délocalisables et contribue à hauteur de plus de deux milliards d'euros au PIB.

(Marine Pennetier, avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)