Le président péruvien poussé à la démission

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(Crédits : Handout .)

LIMA (Reuters) - Le président péruvien, Pedro Pablo Kuczynski, a annoncé mercredi avoir présenté sa démission au Congrès alors que le Parlement devait se prononcer jeudi sur sa destitution.

Accusé d'avoir octroyé des contrats publics en contrepartie d'un soutien politique, ce qu'il a toujours démenti, le chef de l'Etat s'est dit victime d'un climat politique hostile qui rendait pratiquement impossible sa tâche à la tête du pays.

"J'ai travaillé près de 60 ans de ma vie avec une totale honnêteté. L'opposition a tenté de me présenter comme une personne corrompue", a-t-il dit dans un message à la nation enregistré, qui a été diffusé à son départ du palais présidentiel.

"Je pense que le mieux pour notre pays est que je démissionne", a-t-il poursuivi. "Je ne veux pas être un obstacle en travers de la quête d'unité et d'harmonie de notre pays."

L'ancien banquier de Wall Street, âgé de 79 ans, avait été élu en juin 2016 pour un mandat unique de cinq ans. Il va transmettre ses pouvoirs à son vice-président Martin Vizcarra, qui sera formellement investi dans la journée de vendredi, a annoncé le président du Congrès, Luis Galarreta, membre de l'opposition.

Galarreta a ajouté que les députés avaient accepté la démission de "PPK", lui épargnant l'humiliation d'un vote de destitution.

Les procureurs chargés de lutter contre la corruption ont de leur côté saisi un juge pour lui interdire de sortir du territoire, a-t-on appris de source judiciaire.

La démission de Kuczynski met fin à des mois de tensions et de blocages politiques et couronne la campagne menée par le principal parti de l'opposition, Force populaire.

Fin décembre, le parti de Keiko Fujimori, fille de l'ancien autocrate Alberto Fujimori et adversaire malheureuse de Kuczynski à la présidentielle de 2016, avait déjà tenté de voter la destitution de "PPK" après avoir révélé que son entreprise avait reçu de l'argent de la firme de BTP brésilienne Odebrecht - au centre d'un vaste de scandale de corruption en Amérique latine - il y a plus de dix ans, alors que le président démissionnaire occupait un poste dans la fonction publique.

Mais Kuczynski avait échappé de justesse à la destitution.

Ses adversaires l'avaient accusé d'avoir négocié l'abstention de plusieurs députés d'opposition en échange de la libération anticipée de Fujimori, condamné à 25 ans de prison pour corruption et crimes contre les droits de l'homme, auquel il a accordé une grâce présidentielle. Son initiative avait provoqué un mouvement de contestation dans le pays.

Ces derniers jours, Vizcarra, qui fête ses 55 ans ce jeudi, a reçu des assurances publiques de la part de députés d'opposition qui se sont engagés à soutenir son gouvernement.

"Comme la majorité des Péruviens, je suis outré par la situation actuelle. Mais je suis convaincu qu'ensemble, nous pourrons démontrer que nous pouvons une fois de plus aller de l'avant", a-t-il commenté sur Twitter.

(Marco Aquino et Teresa Cespedes; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)