Allemagne/Ifo : Le climat des affaires se dégrade

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Allemagne/ifo: le climat des affaires se degrade[reuters.com]
(Crédits : Alex Domanski)

par Michael Nienaber

BERLIN (Reuters) - La confiance des entreprises allemandes s'est détériorée en mars pour le deuxième mois d'affilée, tombant à son plus bas niveau depuis près d'un an dans la crainte de mesures protectionnistes des Etats-Unis.

Publié jeudi, l'indice Ifo du climat des affaires, calculé à partir d'un échantillon de quelque 7.000 entreprises, a reculé à 114,7 contre 115,4 en février.

Ce plus bas depuis 11 mois est inférieur aux attentes puisque les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un tassement à 114,8.

"La menace du protectionnisme pèse sur la confiance de l'économie allemande", a commenté Clemens Fuest, directeur de l'institut munichois Ifo qui publie l'enquête.

Les chefs d'entreprise allemands sont moins satisfaits des conditions d'activité actuelles, qui restent cependant à un niveau élevé, a relevé l'Ifo. La composante qui les mesure s'est tassée à 125,9 en mars, au-dessus du consensus qui était à 125,7, après 126,4 (révisé) en février.

La composante des anticipations a baissé pour sa part à 104,4 contre 105,4 en février et un consensus de 104,4.

"Le débat sur le protectionnisme laisse sa marque", a dit à Reuters Klaus Wohlrabe, l'économiste de l'Ifo, en notant que la composante des anticipations à l'export est à son plus bas niveau depuis plus d'un an.

Pour Andreas Rees, économiste chez Unicredit, les menaces protectionnistes de l'administration Trump ont accru les incertitudes. "Mais la croissance restera robuste pendant les prochains mois, même si l'économie allemande a probablement atteint un pic", estime-t-il.

Le détail de l'enquête Ifo montre que la baisse du climat des affaires a été la plus sensible dans le commerce de détail et l'industrie, alors qu'il s'est au contraire amélioré dans la construction.

La publication de l'indice Ifo a coïncidé avec la sortie de l'enquête mensuelle d'IHS Markit auprès des directeurs d'achat, qui montre que la croissance dans le secteur privé allemand a perdu un peu d'élan en mars.

Chris Williamson, économiste en chef d'IHS Markit, a noté que le ralentissement de la croissance concernait avant tout le secteur manufacturier et était imputable tant à l'appréciation de l'euro, en hausse de 2% face au dollar depuis le début de l'année, qu'à la décision du président Donald Trump d'augmenter les taxes sur les importations d'acier et d'aluminium.

Pour autant, IHS Markit continue de tabler sur une croissance robuste pour la première économie d'Europe. "On aura probablement un premier trimestre vigoureux avec un taux de croissance d'environ 0,7%", a déclaré Chris Williamson.

Au quatrième trimestre 2017, la croissance avait été de 0,6%.

Les conseillers économiques du gouvernement ont relevé mercredi leur prévision de croissance pour 2018 à 2,3%, tout en reconnaissant que les tensions commerciales pourraient avoir un impact.

L'institut Ifo est encore plus optimiste puisqu'il a confirmé ses prévisions, datant de décembre, d'une croissance de 2,6% cette année puis de 2,1% en 2019.

(Claude Chendjou et Véronique Tison pour le service français)