Les futurs passeports britanniques fabriqués en France par Gemalto

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Les futurs passeports britanniques fabriques en france par gemalto[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Costas Pitas

LONDRES (Reuters) - Parmi les changements liés au Brexit, les citoyens britanniques vont retrouver les passeports bleus qui furent émis au Royaume-Uni jusqu'en 1988 mais, petite nouveauté, ces documents seront fabriqués en France par Gemalto .

Après son adhésion à la Communauté économique européenne en 1973, la Grande-Bretagne avait adopté le passeport rouge bordeaux qui est la norme pour les Etats membres.

Ces documents sont actuellement fabriqués par la société De La Rue dans le nord de l'Angleterre.

"Je vais devoir aller voir ces employés, les regarder droit dans les yeux et essayer de leur expliquer pourquoi le gouvernement britannique pense qu'acheter des passeports français et non des passeports britanniques est une décision raisonnable", a expliqué Martin Sutherland, patron de De La Rue.

"Je voudrais inviter Theresa May ou (la ministre de l'Intérieur) Amber Rudd à venir dans mon usine pour qu'elles expliquent à mes employés dévoués en quoi cela est une décision raisonnable de fabriquer des documents britanniques à l'étranger", a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir mené un appel d'offres qui garantissait un produit alliant un haut degré de qualité et de sécurité et un coût avantageux.

"La sélection du sous-traitant a suivi une procédure rigoureuse, équitable et ouverte", a commenté le ministre de l'Intérieur dans un communiqué.

"L'entreprise choisie a démontré qu'elle était la mieux à même de répondre aux besoins de notre service des passeports avec un produit de haut qualité et sûr au meilleur coût pour nos clients et les contribuables", ajoute le ministère.

Le spécialiste français de la sécurité numérique Gemalto a remporté le contrat d'une valeur estimée à 490 millions de livres sterling (environ 560 millions d'euros), selon le quotidien The Sun.

"Comme le processus est encore en cours et que les modalités sont confidentielles, nous ne pouvons pas faire d'autre commentaire sur le sujet à ce stade", a déclaré une porte-parole du groupe français, en passe d'être racheté par l'équipementier Thales, très bien implanté au Royaume-Uni.

Le contrat de De La Rue, d'un montant de 400 millions de livres sterling (environ 460 millions d'euros) s'achève en juillet 2019. L'entreprise estime que la décision du gouvernement n'aura pas de conséquence sur ses résultats pour cette année ou l'année prochaine.

Unite, principale organisation syndicale de Grande-Bretagne, a critiqué cette décision du gouvernement de Theresa May. "Cela ne se serait pas produit en France pour des raisons de sécurité nationale et cela ne devrait pas se produire au Royaume-Uni", a commenté Louisa Bull, déléguée nationale de Unite.

"Le gouvernement doit revenir sur cette décision et commencer à soutenir les entreprises et les employés britanniques par une politique d'acquisition et une stratégie industrielle qui ne soit pas un simple slogan", a-t-elle ajouté.

Lorsque Theresa May avait annoncé en décembre le retour des passeports de couleur bleue, la chef du gouvernement avait vu dans ce changement "une expression de l'indépendance et de la souveraineté" de la Grande-Bretagne, symbolisant "la citoyenneté d'une fière et grande nation".

(Avec Estelle Shirbon, Bate Felix et Cyril Altmeyer à Paris, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)