Mayotte : Tension après le refoulement de clandestins par les Comores

reuters.com  |   |  421  mots

SAINT-DENIS, La Réunion (Reuters) - Le Quai d'Orsay a déploré jeudi la décision des Comores, prise mercredi par circulaire, de ne plus accepter le retour sur son sol de Comoriens en situation illégale à Mayotte et reconduits à la frontière par les autorités françaises.

"Les termes de cette circulaire comme sa portée sont contraires à la relation que nous souhaitons entretenir avec les Comores. Nous avons immédiatement approché les autorités comoriennes pour que cette décision soit rapportée", a précisé la porte-parole du Quai d'Orsay lors d'un point presse.

Mercredi soir, un bateau parti de Mayotte et transportant à son bord près d'une centaine de clandestins faisant l'objet d'une procédure de reconduite à la frontière n'a pas pu accoster à Anjouan, l'île de l'Union des Comores la plus proche du département français.

Le navire est revenu jeudi à Mayotte, où la préfecture a pris en charge les personnes refoulées, qui ne peuvent plus être replacées en centre de rétention, avec l'intention de les accueillir provisoirement dans un gymnase de Pamandzi, près du port.

"C'est ce qui était prévu, mais ce n'est pas possible pour l'instant", a admis jeudi en fin d'après-midi la préfecture de Mayotte. Selon différentes sources, des habitants se sont opposés à cette solution et font barrage devant le gymnase.

Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine demande pour sa part au gouvernement français "l'arrêt immédiat de la délivrance de visa et de titre de séjour à tout ressortissant comorien par le réseau diplomatique et consulaire français et par les préfectures en France".

L'élu mahorais rappelle qu'une telle mesure avait permis de débloquer "en 48 heures" une situation similaire en 2011, à la veille de la départementalisation de l'île.

Mayotte est en proie depuis un mois à une crise sociale majeure, nourrie par la montée de l'insécurité attribuée en grande partie aux Comoriens en situation illégale, et par un sentiment d'abandon par la France. L'activité économique est quasiment à l'arrêt en raison de nombreux barrages routiers, les enfants ne vont pas à l'école et les magasins ne sont plus approvisionnés.

"Cet incident fait un peu plus monter la tension, estime Mansour Kamardine, interrogé par Reuters. Les gens qui tiennent les barrages sont de plus en plus nerveux, la population est épuisée, le gouvernement doit impérativement envoyer un signal".

(Bernard Grollier, édité par Yves Clarisse)