Vivendi en appelle aux actionnaires de Tel.Italia face à Elliott

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Vivendi annonce la demission de ses representants au conseil de tim[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

MILAN (Reuters) - Telecom Italia a annoncé jeudi la démission de la majorité de ses administrateurs, à la suite de la campagne du fonds activiste Elliott contre la gouvernance du groupe par Vivendi.

Un nouveau conseil d'administration sera désigné le 4 mai par les actionnaires de l'opérateur télécoms.

Les administrateurs démissionnaires espèrent que cela permettra de "clarifier la gouvernance" du groupe, a ajouté dans un communiqué Telecom Italia, dont le conglomérat français est le principal actionnaire avec 24% du capital.

Giuseppe Recchi, vice-président du conseil de TIM, a démissionné comme attendu après avoir accepté un poste dans une autre entreprise.

Sept autres des 15 administrateurs de TIM, dont le président du conseil Arnaud de Puyfontaine - qui est aussi président du directoire de Vivendi -, démissionneront le 24 avril lors de l'AG ordinaire, qui est maintenue.

Les huit, y compris Giuseppe Recchi, viennent de la liste que Vivendi avait proposée pour composer le conseil de TIM. La moitié étaient des administrateurs indépendants.

Cela permettra de "mettre fin à un climat d'incertitude", a déclaré Arnaud de Puyfontaine, ajoutant qu'il vaut mieux renouveler l'ensemble du conseil que procéder à des "changements partiels, comme Elliott l'a demandé".

Le 4 mai, "les actionnaires auront la possibilité de choisir entre un plan industriel capable de créer de la valeur à long terme et un programme de mécanique financière de courte vue", a aussi déclaré Arnaud de Puyfontaine.

Le fonds Elliott n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

SEMER LA ZIZANIE

Elliott Advisors a confirmé début mars être entré au capital de TIM, dont il détient potentiellement 5,75% du capital. Il a proposé le remplacement de six administrateurs proposés par Vivendi, dont Arnaud de Puyfontaine, et de les remplacer par des personnalités bien connues du monde de l'entreprise en Italie afin de mettre en place un conseil "vraiment indépendant" pour changer la façon dont l'opérateur est géré.

TIM a perdu plus d'un tiers de sa valorisation boursière depuis que le groupe français est entré dans son capital à la mi-2015 et a progressivement resserré son étreinte sur le premier opérateur télécoms italien.

"Devant la tentative de démantèlement de Telecom Italia (TIM) menée par Elliott Management, hedge fund bien connu pour ses initiatives court-termistes, les trois représentants au conseil d'administration de TIM proposés par Vivendi, qui soutient le plan industriel voté à l'unanimité et mis en oeuvre par (le directeur général) Amos Genish et son équipe, ont décidé de remettre leur mandat au vote des actionnaires", a déclaré de son côté Vivendi dans un bref communiqué.

"Cinq autres administrateurs ayant également souhaité remettre leur mandat et de fait, une majorité du conseil étant démissionnaire, une assemblée générale devra donc avoir lieu au mois de mai prochain afin de permettre aux actionnaires de TIM de voter pour les administrateurs qu'ils souhaitent et la politique à mener."

Vivendi redonne les pleins pouvoirs aux actionnaires, a-t-on expliqué à Reuters de source proche du dossier : "C'est une prise de risque" mais sinon "cela aurait été du bricolage".

"Cela donnera à TIM un nouveau départ sur des bases saines. TIM est en convalescence et a besoin d'une gouvernance claire", a-t-on ajouté.

Une deuxième source a évoqué une tentative de Vivendi pour semer la zizanie entre Elliott et les investisseurs institutionnels. Une troisième source a ajouté que Vivendi s'était déjà assuré le soutien de plusieurs fonds institutionnels.

Selon la deuxième source, Arnaud de Puyfontaine devrait figurer sur la prochaine liste d'administrateurs proposés par Vivendi.

TIM a précisé dans son communiqué que l'ancien administrateur délégué de l'opérateur Franco Bernabe, membre du conseil, était nommé vice-président.

(Agnieszka Flak, Dominique Rodriguez et Gwénaelle Barzic à Paris, avec Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Elizabeth Pineau)