Les dirigeants séparatistes catalans vont être jugés pour rébellion

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Treize dirigeants separatistes catalans seront juges pour rebellion[reuters.com]
(Crédits : Ivan Alvarado)

par Angus Berwick

MADRID (Reuters) - Le bras de fer entre la justice espagnole et les dirigeants séparatistes catalans s'est poursuivi vendredi avec l'annonce du procès pour rébellion de treize d'entre eux, dont Carles Puigdemont, qui encourent jusqu'à 25 ans de prison.

Douze autres seront jugés pour détournement de fonds et désobéissance à l'Etat.

Tous sont poursuivis pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne à l'automne dernier, a annoncé le juge du Tribunal suprême Pablo Llarena. La date de leur procès n'a pas encore été fixée.

Dans le cadre de cette procédure, le Tribunal suprême, la plus haute instance de la justice espagnole, a ordonné le placement en détention préventive immédiate de cinq dirigeants séparatistes catalans, en l'attente donc de leur procès.

Parmi eux figure Jordi Turull, qui est un proche allié de l'ancien président de la Généralité Carles Puigdemont, réfugié en Belgique depuis fin octobre.

Jordi Turull n'a pas réussi, jeudi, à obtenir un nombre suffisant de voix au parlement régional catalan pour prendre la tête du gouvernement régional à Barcelone.

Un mandat d'arrêt international a en outre été lancé à l'encontre de six dirigeants qui se trouvent à l'étranger.

Le Tribunal suprême a aussi ordonné à 14 membres de l'ancien gouvernement régional catalan de verser 2,1 millions d'euros en remboursement des dépenses engagées pour l'organisation du référendum d'autodétermination du 1er octobre, déclaré illégal, et des frais de justice inhérents.

Jordi Turull avait été libéré sous caution en novembre après avoir accepté la suspension de l'autonomie de la Catalogne par le gouvernement de Madrid.

Il était sensé s'abstenir, comme trois autres dirigeantes précédemment emprisonnées, de toute activité politique. Marta Rovira, Dolors Bassa et l'ancienne présidente du parlement catalan Carmen Forcadell, ont pour leur part annoncé jeudi soir qu'elles renonçaient à leur siège au parlement pour éviter la prison.

"L'EXIL SERA UNE VOIE DIFFICILE, MAIS C'EST LA SEULE"

Un vote était prévu ce samedi au Parlement de Catalogne pour tenter de doter enfin, trois mois après les législatives anticipées du 21 décembre, le gouvernement régional autonome d'un président.

Turull était censé briguer de nouveau les suffrages des élus.

Le vote n'aura pas lieu - les procédures prévoient qu'un candidat doit être physiquement présent - mais le président du Parlement, Roger Torrent, a annoncé tard vendredi soir qu'il réunirait bien l'assemblée ce samedi et lirait une déclaration de soutien aux dirigeants placés en détention préventive.

Marta Rovira, numéro deux de la Gauche républicaine de Catalogne, a indiqué vendredi qu'elle avait quitté le pays pour vivre en exil volontaire, imitant en cela Puigdemont et quatre autres dirigeants séparatistes.

"L'exil sera une voie difficile, mais c'est la seule pour que je puisse récupérer ma voix politique", a-t-elle expliqué dans une lettre, souhaitant "longue vie à la République catalane pour tous".

(avec Julien Toyer et Blanca Rodriguez; Tangi Salaün, Eric Faye et Gilles Trequesser pour le service français, édité par Henri-Pierre André)