Le nouveau Parlement italien se réunit, toujours l'incertitude

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Le nouveau parlement italien se reunit[reuters.com]
(Crédits : Remo Casilli)

par Massimiliano Di Giorgio et Giuseppe Fonte

ROME (Reuters) - Le nouveau Parlement italien s'est réuni pour la première fois vendredi, près de trois semaines après les élections législatives qui n'ont pas permis de dégager de majorité.

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la droite italienne cherchent à conclure un accord pour se partager les présidences de la Chambre des députés et du Sénat mais les choses semblent plus difficiles que prévu.

Les véritables négociations en vue de former une coalition gouvernementale n'ont pas encore débuté.

Elles pourraient même devoir attendre le résultat des élections de la fin avril dans les régions du Frioul-Vénétie julienne, autour de Trieste, et du Molise, dans le sud du pays. Ces deux régions sont détenues par le Parti démocrate de centre gauche, actuellement au pouvoir.

Les accords sur les présidences de la Chambre et du Sénat donnent habituellement un indice sur la composition des futures coalitions mais les résultats du 4 mars ne permettent guère de faire de pronostics.

"Il est impossible de prévoir ce qui va se passer et quiconque dit le contraire est un menteur", résume Giovanni Orsina, professeur d'histoire à l'Université Luiss de Rome.

La coalition de droite, rassemblant notamment la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi, est arrivée en tête des élections mais loin de pouvoir avoir une majorité au Parlement.

Le premier parti politique du pays est le M5S anti-système de Luigi Di Maio.

Des contacts préliminaires entre la droite et le M5S ont débouché sur un accord verbal réservant la présidence de la Chambre des députés à un élu du M5S et celle du Sénat à la droite.

Celle-ci propose à la présidence du palais Madame, le Sénat, un membre de Forza Italia, ancien ministre de Silvio Berlusconi en 2010 et 2011, Paolo Romani.

DIFFICILES NÉGOCIATIONS

Le M5S rejette ce choix car Paolo Romani a eu des ennuis avec la justice pour des détournements de fonds. Silvio Berlusconi semble insister et a demandé à rencontrer Luigi Di Maio.

Ce dernier a répondu que Matteo Salvini, dont la Lega a devancé Forza Italia aux élections, avait "été choisi comme porte-parole du centre droit et c'est donc à lui que nous parlons".

Pour compliquer les choses, un différend a surgi entre Forza Italia et la Ligue quand Matteo Salvini a annoncé que sa formation soutenait désormais la sénatrice de Forza Italia Annamaria Bernini.

Cela s'est fait sans l'assentiment de Silvio Berlusconi. Forza Italia a vivement condamné "cet acte hostile (...) qui brise l'unité de la coalition de centre droit".

Les choses en sont là et la désignation des présidents des deux chambres pourrait ne pas intervenir avant samedi.

Le président de la République, Sergio Mattarella, pourra alors lancer ses consultations et confier à une personnalité la charge de former un nouveau gouvernement, une tâche qui s'annonce longue et difficile.

"Une coalition, ça veut dire des compromis et un prix à payer (...) Et personne ne voudra en lâcher trop avant les élections régionales fin avril", a expliqué un responsable de la Ligue.

Les principaux scénarios envisagés sont un accord entre le M5S et le Parti démocrate, un accord entre le M5S et la droite ou un accord entre le Parti démocrate et la droite.

Si aucun compromis n'est trouvé entre les formations politiques, le président de la République pourra demander à des "techniciens" de former le prochain gouvernement, avec un mandat limité dans le temps, ou alors convoquer de nouvelles élections législatives à l'automne.

(Guy Kerivel et Gilles Trequesser pour le service français)