Pérou : Vizcarra jure de lutter contre la corruption "à tout prix"

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Vizcarra jure de lutter contre la corruption a tout prix[reuters.com]
(Crédits : Mariana Bazo)

LIMA (Reuters) - Le nouveau président péruvien, Martin Vizcarra, s'est engagé vendredi dans son discours d'investiture à lutter "quel qu'en soit le prix" contre la corruption, 48 heures après la démission de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczynski, éclaboussé par un scandale de corruption et en butte à de constants accrochages avec un Congrès contrôlé par l'opposition.

"Ça suffit!", a déclaré cet ancien gouverneur d'une petite région minière, au début de son discours.

"Nous avons l'obligation de répondre aux besoins, aux demandes et aspirations de l'ensemble des Péruviens, et de ne pas nous enferrer dans des luttes âpres qui font un mal énorme au Pérou", a continué Martin Vizcarra, qui était le premier vice-président de Kuczynski.

Le mandat de Martin Vizcarra, qui occupait également le poste d'ambassadeur du Pérou au Canada, court jusqu'en 2021.

Pedro Pablo Kuczynski, qui avait été élu en juin 2016 pour un mandat unique de cinq ans, est accusé d'avoir octroyé des contrats publics en contrepartie d'un soutien politique, ce qu'il a toujours démenti.

La démission de cet ancien banquier de Wall Street, âgé de 79 ans, a mis fin à des mois de tensions et de blocages politiques au Pérou et couronne la campagne menée par le principal parti de l'opposition, Force populaire.

Fin décembre, le parti de Keiko Fujimori, fille de l'ancien autocrate Alberto Fujimori et adversaire malheureuse de Kuczynski à la présidentielle de 2016, avait déjà tenté de voter la destitution de "PPK".

Elle avait révélé que son entreprise avait reçu de l'argent de la firme de BTP brésilienne Odebrecht - au centre d'un vaste scandale de corruption en Amérique latine - il y a plus de dix ans, alors que le président démissionnaire occupait un poste dans la fonction publique.

Pedro Pablo Kuczynski avait échappé de justesse à la destitution. Ses adversaires l'avaient accusé d'avoir négocié l'abstention de plusieurs députés d'opposition en échange de la libération anticipée d'Alberto Fujimori, condamné à 25 ans de prison pour corruption et crimes contre les droits de l'homme.

Il lui a accordé une grâce présidentielle, une initiative qui a provoqué une vive contestation dans le pays.

Martin Vizcarra, qui a fêté ses 55 ans jeudi, a reçu des assurances publiques de la part de députés d'opposition qui se sont engagés à soutenir son gouvernement.

(Marco Aquino et Mitra Taj, Gilles Trequesser et Eric Faye pour le service français)