Le face-à-face continue à Notre-Dame-des-Landes

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(Crédits : Stephane Mahe)

NANTES (Reuters) - Le face-à-face entre occupants de la "zone à défendre" (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et gendarmes se poursuivait lundi dans l'attente des premières comparutions devant la justice de "zadistes" interpellés ces derniers jours.

Selon une porte-parole de la gendarmerie, les forces de l'ordre ont ainsi détruit une des deux charpentes acheminées ce week-end dans la zone de l'ex-projet d'aéroport de Nantes.

Cette charpente en bois de deux tonnes, mesurant 10 mètres de long sur 5 de large, avait été portée entre 22h et minuit par 300 personnes, à la lumière de lampes frontales, "dans un mouvement collectif absolument pharaonique", écrivent les zadistes dans un communiqué de presse.

Les gendarmes s'efforçaient également lundi de faire descendre des "zadistes" montés sur la deuxième charpente, afin de pouvoir également la démonter.

L'objectif est d'empêcher la reconstruction des édifices illégaux démolis la semaine dernière, a expliqué à Reuters la porte-parole.

Les gendarmes ont également dégagé des barricades montées au cours de la nuit, a ajouté la porte-parole de la gendarmerie. "Nous sommes dans une phase de stabilisation. Pour le moment, c'est calme", a-t-elle précisé au milieu de la matinée.

Depuis le début des opérations d'évacuation de la ZAD, le 9 avril, 66 gendarmes et un nombre indéterminé de "zadistes" ont été blessés dans des affrontements sporadiques.

Un délai supplémentaire a été laissé jusqu'au 23 avril aux "zadistes" potentiellement désireux de déposer un dossier de projet agricole individuel.

UN GENDARME GRAVEMENT BLESSE

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a déclaré lundi matin sur Radio Classique que le gouvernement voulait "laisser la chance au dialogue".

C'est aux zadistes de "choisir s'ils veulent tomber dans la violence ou s'ils veulent un véritable projet", a-t-il dit. "Il y a des professionnels de la confrontation qui tournent de lieu en lieu, là où ça leur semble le plus excitant (...) La force doit rester à la loi."

Dans l'interview qu'il a accordée dimanche soir à BFMTV, RMC et Mediapart, Emmanuel Macron a jugé illégitime la poursuite de l'occupation de la ZAD malgré l'abandon du projet d'aéroport.

Le chef de l'Etat a estimé que certains des zadistes, présents de longue date à Notre-Dame-des-Landes, s'étaient toujours refusés à formaliser une exploitation agricole, par exemple sous la forme d'une coopérative (Scop).

Il a parlé de "ces gens qui sont là depuis parfois plus dix ans, qui ont refusé, parce que leur projet n'est pas un projet agricole, c'est un projet de désordre".

Six personnes interpellées ces derniers jours doivent être jugés en comparution immédiate lundi après-midi à Nantes et deux mineurs devaient être déférés dans la matinée pour comparaître devant le tribunal des enfants.

Le parquet de Nantes a aussi saisi la section de recherches (SR) d'Angers (Maine-et-Loire) d'une enquête de flagrance pour "violences aggravées" après que trois gendarmes eurent été blessés sur la ZAD par le jet d'un "engin explosif contenant des billes d'acier".

L'un d'eux, "polycriblé", devait être opéré des mains ce lundi au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes.

Au total, 24 personnes ont été interpellées depuis le début des opérations, selon la préfecture de la Loire-Atlantique.

La manifestation pour la reconstruction des lieux de vie détruits a réuni dimanche sur la ZAD près de 4.000 personnes, "dont 3.300 venaient de l'extérieur" selon la préfecture. Les zadistes ont eux dénombré "entre 15 et 20.000" manifestants, malgré le blocus gouvernemental aux principales entrées.

(Guillaume Frouin, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)