Angela Merkel contestée en Allemagne sur le dossier russe

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Angela merkel contestee en allemagne sur le dossier russe[reuters.com]
(Crédits : Hannibal Hanschke)

BERLIN (Reuters) - Le ministre allemand des Affaires européennes a plaidé lundi pour l'apaisement des tensions avec la Russie, ajoutant sa voix à celles qui pressent la chancelière Angela Merkel d'adopter une position plus modérée envers Moscou.

La chancelière s'est rangée derrière la Grande-Bretagne dans l'affaire de l'empoisonnement en Angleterre de l'ex-agent russe Sergueï Skripal, en expulsant quatre diplomates russes.

Le ministre des Affaires européennes Michael Roth, membre du Parti social-démocrate (SPD), partenaire de coalition du bloc conservateur CDU/CSU, a estimé que, si l'Union européenne doit opposer un front uni à la Russie, les sanctions doivent seulement viser à amener Moscou à la table des négociations.

"Les réflexes antirusses sont aussi dangereux que le fait de rester naïvement silencieux face à la politique aux relents nationalistes des dirigeants russes actuels", écrit le ministre dans le journal Die Welt.

Le ton adopté par Angela Merkel envers Moscou s'est durci depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et le soutien du Kremlin aux séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, à l'origine des sanctions de l'UE contre la Russie.

Roth fait écho par ses déclarations aux propos du président Frank-Walter Steinmeier, lui aussi social-démocrate, selon lequel "il y a trop de choses en jeu" pour que l'Allemagne fasse de la Russie un ennemi.

La séquence des interventions sur les liens avec la Russie - de la part de Roth et de Steinmeier du côté du SPD, et du député CSU Alexander Dobrindt et de l'ex-ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg à droite - montre dans quelle mesure le déclin de l'autorité d'Angela Merkel, qui en est à son quatrième mandat, limite sa marge de manoeuvre.

Guttenberg, qui passait naguère pour un successeur potentiel d'Angela Merkel, avant d'être éclaboussé par un scandale, reproche au gouvernement son attitude dans le dossier syrien.

"C'est facile, pour nous, de laisser les autres faire le sale boulot", dit-il à propos de la décision de Merkel de ne pas participer aux frappes menées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France samedi dernier en Syrie.

"Il est bon que quelqu'un agisse lorsqu'on tue des enfants, des innocents", dit l'ex-ministre au journal Bild.

(Markus Wacket et Thomas Escritt; Eric Faye pour le service français)