Spectaculaire audience judiciaire autour de l'avocat de Trump

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Un juge rejette une requete d'urgence deposee par cohen[reuters.com]
(Crédits : Lucas Jackson)

par Karen Freifeld

NEW YORK (Reuters) - Une juge fédérale de New York a rejeté lundi une requête en urgence déposée par Michael Cohen, l'avocat de Donald Trump, qui réclamait que les documents saisis lors de perquisitions chez lui soient examinés par ses propres conseils afin de préserver le secret professionnel qui prévaut entre un avocat et ses clients.

L'avocat, qui a admis avoir versé 130.000 dollars à une actrice de film pornographique disant avoir eu une liaison extraconjugale avec Donald Trump en 2006, argue que les procureurs ne peuvent pas verser au dossier des documents susceptibles d'être couvert par ce secret professionnel.

Au terme d'une spectaculaire audience de deux heures et demie au palais de justice de Manhattan, à laquelle assistait notamment l'actrice Stormy Daniels, alias Stephanie Clifford, la juge Kimba Wood a estimé que sa demande était "prématurée".

Elle a noté que la proposition des procureurs était une "option viable" (ils souhaitent que la masse de documents saisis soit examinés entre les murs du bureau du procureur fédéral de Manhattan par une équipe d'avocats spécialement recrutés aux seules fins de dire lesquels sont exploitables, lesquels ne le sont pas parce que couverts par le secret professionnel).

Mais elle a aussi indiqué que l'option proposée par les avocats de Cohen "pourrait jouer un rôle dans cette affaire" (ils demandent la nomination d'un 'special master', ou conseiller maître indépendant, qui serait chargé de cette tâche).

Avant d'ajourner l'audience, la juge Wood a ordonné aux procureurs de fournir aux avocats de Cohen d'ici à la prochaine audience une copie des documents saisis par des agents du FBI lors des perquisitions menées le 9 avril dernier dans les bureaux new-yorkais et au domicile de Michael Cohen.

L'avocat, qui fait l'objet d'une enquête pénale depuis plusieurs mois, se présente comme l'homme à tout faire de Trump, son "fix-it guy".

Il est au centre d'une polémique depuis qu'il a reconnu en février dernier avoir versé 130.000 dollars à Stormy Daniels, une somme prélevée, dit-il, sur ses finances personnelles, en échange de son silence peu de temps avant l'élection présidentielle de novembre 2016.

L'actrice avait déclaré en 2011 dans une interview à l'hebdomadaire In Touch avoir eu une liaison avec Trump après l'avoir rencontré dans un tournoi de golf en 2006. Ce dernier a démenti.

L'avocat affirme qu'il s'agissait d'une "transaction privée" menée sur sa propre initiative - Trump a affirmé ne pas en avoir été informé - et assure qu'il ne s'agit pas d'une dépense de campagne. Une ligne contestée, puisque l'actrice affirme que cette somme lui a été versée en échange de son silence.

UN PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS, UNE STAR DU X

ET UN ANIMATEUR VEDETTE DE FOX NEWS

Cohen apparaît également dans l'enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre la Russie et des membres de l'équipe de campagne de Trump avant l'élection de 2016.

A sa sortie d'audience, l'avocat n'a rien dit.

Stormy Daniels, elle, s'est longuement arrêtée devant les caméras, réaffirmant sa détermination à ce que "chacun découvre la vérité et les faits qui se sont produits". "Je ne m'arrêterai pas tant que ce que ce ne sera pas le cas", a-t-elle ajouté.

Dans cette affaire décidément hors norme où on retrouve un président des Etats-Unis, son avocat et une star du X, un nouveau nom connu est apparu lors de l'audience de lundi, celui de Sean Hannity, animateur vedette de la chaîne Fox News dont Cohen a dû révéler qu'il était au nombre de ses clients.

Hannity, en tête des audiences des chaînes câblées sur son créneau du soir, est un ardent défenseur de Trump, lequel ne manque pas de vanter à l'occasion ses qualités.

Le 9 avril, au soir des perquisitions chez Cohen, Hannity avait déclaré que l'intervention des agents du FBI s'inscrivait dans le cadre d'un plan visant à destituer à tort le 45e président des Etats-Unis. Il n'avait alors pas fait mention de ses relations avec l'avocat.

Après que son nom est venu s'ajouter à la liste des acteurs de cette affaire décidément hors norme, il a expliqué lundi soir avoir eu des "discussions sporadiques et brèves" avec l'avocat "presque exclusivement centrées sur des questions d'immobilier".

Il a ajouté n'avoir jamais parlé avec Cohen d'une "tierce partie" et, dans son émission, s'est amusé des réactions enflammées des médias à l'annonce que le président et lui avaient le même avocat.

(avec Brendan Pierson et Jonathan Stempel; Henri-Pierre André pour le service français)