Le procès en appel de Radovan Karadzic s'ouvre à La Haye

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Ouverture ce lundi du proces en appel de radovan karadzic[reuters.com]
(Crédits : Michael Kooren)

LA HAYE (Reuters) - Le procès en appel de Radovan Karadzic s'est ouvert lundi à La Haye, deux ans après la condamnation de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie à 40 ans de prison pour génocide.

L'ancien dirigeant, aujourd'hui âgé de 72 ans, a été condamné en première instance en mars 2016 par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour le massacre de 8.000 Musulmans de Bosnie à Srebrenica et pour neuf autres chefs d'inculpation de crimes de guerre.

Pour ce procès en appel devant le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), qui a pris la suite des tribunaux internationaux sur l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, Radovan Karadzic a dressé une liste d'une cinquantaine de griefs qu'il entend faire valoir pour faire annuler sa condamnation.

Prenant la parole, il a accusé les procureurs d'avoir cherché à salir son nom en déformant ses propos ou en les sortant de leur contexte.

Ainsi, a-t-il affirmé, lorsqu'il a déclaré en 1992 que les musulmans de Bosnie s'étaient engagés "sur le chemin de l'enfer" en prônant la sécession, ce n'était pas du tout, à ses yeux, une menace mais une simple mise en garde face au risque de guerre.

"On a mal interprété mes propos pour me dénigrer et pour me présenter comme quelqu'un d'exclusif, uniquement préoccupé par le sort de mon peuple", a dit Radovan Karadzic.

Dans le public, plusieurs personnes ont réagi à ces propos en lançant "menteur, menteur !".

"Nous sommes ici pour vous demander d'annuler la condamnation de Radovan Karadzic et d'ordonner un nouveau procès", a déclaré aux juges l'avocat de la défense Peter Robinson, jugeant que les droits de son client n'avaient pas été respectés lors du premier procès, qui a duré sept ans.

L'ancien chef des Serbes de Bosnie, a ajouté l'avocat, conteste aussi avoir été favorable au bombardement de civils pendant le siège de Sarajevo, qui a duré 44 mois.

En juillet 1995, 8.000 Musulmans de Bosnie, des hommes et des adolescents, ont été tués par les séparatistes bosno-serbes à Srebrenica, une "zone de sécurité" sous protection théorique de l'Onu.

Munira Subasic, qui perdu son mari et un de ses fils dans ce massacre, a souhaité que Karadzic passe le reste de sa vie derrière les barreaux. "S'il n'est pas condamné à la prison à perpétuité, ce ne sera pas une punition", a-t-elle dit.

Le parquet a pour sa part fait appel de l'acquittement de Karadzic en première instance concernant une autre accusation de génocide pour des crimes commis dans plusieurs villes de Bosnie pendant la guerre qui a duré de 1992 à 1995. Sur cette partie du dossier, les procureurs réclament la prison à vie pour l'accusé.

Le verdict est attendu d'ici la fin de l'année.

(Stephanie van den Berg; Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français)