Mailly défend son bilan devant la base divisée de Force ouvrière

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui quittera vendredi la tête du troisième syndicat de France après 14 ans de mandat, a défendu lundi son bilan devant une base déchirée entre partisans d'une ligne radicale et réformistes.

Jean Claude Mailly présentait son rapport d'activité au 24e congrès de FO à Lille, au cours duquel il laissera sa place à Pascal Pavageau, unique candidat à sa succession.

"Tout le travail qui a été fait sur la période des ordonnances (sur le Code du travail-NDLR) l'a été avec l'unanimité du bureau confédéral. Je peux comprendre que certains camarades dans l'organisation aient pu être déstabilisés (...) et que cela ait pu générer des incompréhensions", a-t-il déclaré.

"Mais nous considérons que notre comportement a été le plus efficace dans un contexte donné".

Il explique que le chantier des ordonnances, qui a permis au gouvernement de modifier rapidement le Code du travail, a été mené alors qu'Emmanuel Macron venait d'être élu avec "des promesses de campagne et des annonces fortes sur ce qu'il allait entreprendre".

"A partir du moment où il accepte les conditions que nous lui avions imposées en termes de méthode, à savoir d'étendre le calendrier, pourquoi ne serions-nous pas allés discuter et fait avancer nos positions?", a-t-il ajouté. "J'ai toujours dit que cela n'était ni satisfaisant ni équilibré. Mais nous avons fait bouger des lignes."

UN CONGRÈS "ROCK'N ROLL"

La base de Force ouvrière est fortement divisée entre les tenants d'une ligne radicale qui reprochent à Jean-Claude Mailly de ne pas avoir pris part aux manifestations contre les ordonnances visant à modifier le Code du travail et les tenants d'une ligne plus souple.

Le syndicat s'est joint officiellement à la CGT pour une journée d'action le 16 novembre, une fois que les ordonnances avaient été publiées au Journal officiel. La CGT avait déjà mené trois journées de mobilisation de septembre à novembre auxquelles certaines unions départementales de FO et fédérations avaient pris part de leur chef.

"Camarades, je n'ai jamais vécu une période comme celle-ci (....) Nous n'avons jamais été à cet état de délabrement au niveau de l'image (...) de la confédération", a déclaré Marc Aubert, du Service départemental d'action sociale (SDAS) 29. Il a appelé à ne pas voter le rapport d'activité du secrétaire général.

"Une rupture est intervenue entre le combat contre la loi El Khomri et les débats sur ses ordonnances qui en sont pourtant le prolongement", a déclaré pour sa part Pascale Maset, de SNICA-FO 14. "Nous devons combattre les contre-réformes destructrices des droits sociaux (...) y compris par la grève si nécessaire".

A l'opposé, certains délégués sont montés sur l'estrade pour défendre le bilan de leur secrétaire général. "Mes camarades, Jean-Claude et son équipe ont fait du bon boulot et heureusement qu'ils étaient là pour les ordonnances", a déclaré Jean-Jacques Leleu, de l'Union départementale 80.

Jean-Claude Mailly avait prévenu dans les médias que le congrès serait "rock'n roll". Il appelle cependant à l'unité dans ces "périodes difficiles". "Tout simplement parce que désunis, on est affaibli, désunis, on ne se développe pas", a-t-il précisé.

"Il y a un cap et pour y arriver, il y a un itinéraire qui doit parfois changer, selon la météo, (...) mais le plus important, c'est de garder le cap et de savoir s'adapter au contexte", a-t-il ajouté.

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)