Louis Gallois cédera la présidence de PSA dans deux ans

reuters.com  |   |  787  mots
Louis gallois compte ceder la presidence de psa d'ici deux ans[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA, a annoncé mardi son intention de céder son poste en 2020, une année qui s'annonce charnière pour le constructeur automobile français.

L'ancien patron de la SNCF et d'EADS a pris la présidence du conseil de PSA en 2014, année de l'augmentation de capital qui a permis le sauvetage du groupe sochalien et qui s'est traduite par l'arrivée de deux nouveaux actionnaires - l'Etat français et le chinois Dongfeng - aux côtés de la famille fondatrice Peugeot.

Son départ tournera une page importante de l'histoire récente du constructeur. Durant quatre ans, Louis Gallois aura incarné ce nouvel équilibre actionnarial et une séparation inédite entre présidence du conseil et présidence du directoire, laissant les coudées franches à Carlos Tavares pour piloter le redressement opérationnel du groupe.

"Je tiens à vous informer, si vous approuvez cette résolution et si le conseil de surveillance me renouvelle sa confiance et sa présidence, que je céderai cette présidence à l'occasion de l'AG de 2020", a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale des actionnaires, au siège du groupe à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Comme toutes les résolutions figurant à l'ordre du jour, celle lui confiant un nouveau mandat de quatre ans a été adoptée. Louis Gallois a précisé que les statuts de PSA ne prévoyaient aucune limite d'âge mais qu'à 74 ans, il était raisonnable de se contenter d'un demi-mandat et de songer à préparer une transition pour sa succession.

UN FUTUR PLAN À TRÈS LONG TERME

L'année 2020 s'annonce également charnière pour les relations entre le groupe et ses syndicats en France, puisque l'actuel accord triennal de compétitivité "Nouvel Elan pour la croissance" court jusqu'en 2019.

PSA peine actuellement à reproduire en Allemagne ce type d'accord et est engagé dans un bras de fer pour restructurer Opel. Le président du directoire Carlos Tavares a prévenu mardi que les discussions allaient encore durer plusieurs semaines.

"Ceci va encore faire un peu de bruit, ne soyez pas étonnés, cela fait partie de ce qu'il faut faire pour remettre cette entreprise sur des bons rails", a-t-il dit.

Le constructeur aux désormais cinq marques - Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall - fera également le point l'an prochain sur les objectifs de son plan stratégique à moyen terme, qui court jusqu'en 2021. Mais Carlos Tavares a déjà commencé à évoquer le plan suivant en se projetant à un horizon plus lointain.

"Nous sommes actuellement en train de nous préparer à déclencher, dans quelques années, la préparation du plan qui suivra le plan 'Push to pass'", a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale. "Ce plan-là sera très long terme, (...) il intégrera une vision bien plus lointaine que ce que nous avons fait jusqu'à présent."

Depuis l'arrivée de Carlos Tavares à sa tête, PSA a enchaîné deux plan stratégiques empruntant toujours au vocable du sport automobile.

"Back in the race", consacré au redressement du groupe après sa quasi-banqueroute de 2012, avait été prévu pour couvrir 2014 à 2016, et avait été réalisé en deux ans seulement.

A suivi "Push to pass", destiné à installer une croissance rentable sur la période 2016 à 2021. Au terme de ce deuxième plan, PSA veut avoir porté à plus de 6% la marge opérationnelle de son coeur de métier automobile.

CO2 ET NOUVEAUX USAGES

Le futur plan couvrira une période particulièrement sensible pour l'industrie automobile avec l'entrée en vigueur d'objectifs européens très ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2.

Les constructeurs ont déjà prévenu que, sur fond d'accélération de la baisse du diesel, ces objectifs ne pourraient être atteints sans une électrification massive des nouvelles voitures, et sans le déploiement du réseau de recharge qui va avec.

La prochaine décennie sera aussi marquée par l'essor des aides à la conduite, avec en ligne de mire l'arrivée de voitures de plus en plus autonomes, et par la multiplication des nouveaux modes d'usage et de consommation en matière d'automobile.

"Le plan suivant sera un plan encore plus lointain en termes de vision, de manière à bien orienter l'entreprise sur les enjeux sociétaux dans lesquels nos opérations vont s'inscrire", a expliqué Carlos Tavares.

PSA a fait état mardi d'un bond de 42,1% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, un record de ventes en volumes, des modèles à succès comme le SUV Peugeot 3008 et l'apport d'Opel-Vauxhall ayant éclipsé les effets de changes négatifs.

(Edité par Dominique Rodriguez)