Une femme à la tête du ministère slovaque de l'Intérieur

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BRATISLAVA (Reuters) - Le parti Smer (centre gauche) au pouvoir en Slovaquie a désigné mardi l'une de ses membres, Denisa Sakova, au poste de ministre de l'Intérieur, huit jours après la démission de Tomas Drucker provoquée par les manifestations de masse qui ont suivi l'assassinat en février du journaliste Jan Kuciak.

Ce choix devrait déplaire à l'opposition qui réclamait la nomination d'une personnalité indépendante afin de garantir l'intégrité de l'enquête sur la mort du journaliste de 27 ans, spécialisé dans la lutte contre la corruption.

Les manifestations qui ont suivi l'assassinat de Kuciak ont également provoqué la démission du Premier ministre Robert Fico et de son gouvernement, conduisant à la formation d'une nouvelle équipe dirigeante issue des trois partis de la coalition au pouvoir.

Denisa Sakova est une proche collaboratrice de Robert Kalinak, le numéro deux du Smer qui était ministre de l'Intérieur avant Drucker et avait dû démissionner le mois dernier.

"Sakova, bras droit de Kalinak, n'est pas un bon choix alors qu'il faut rétablir la confiance dans nos institutions", a estimé l'étudiant Juraj Seliga, l'un des organisateurs des manifestations antigouvernementales. Il n'a pas exclu une poursuite des rassemblements.

Robert Fico, qui reste numéro un du Smer même s'il a abandonné la tête du gouvernement, a défendu le choix de Denisa Sakova, présentée comme "une véritable professionnelle" qui travaille depuis des années au ministère de l'Intérieur.

Le président Andrej Kiska, adversaire politique de Fico mais qui n'a pas le pouvoir de s'opposer à cette nomination, a regretté pour sa part une "occasion manquée".

"Après toutes les allégations sur des liens entre la mafia et des hommes politiques de haut niveau, allégations qui n'ont pas obtenu de réponses, je juge inacceptable d'ignorer les appels publics en faveur de réformes au sein du ministère de l'Intérieur et de la police, notamment au niveau du personnel", a-t-il dit.

Le dernier article de Jan Kuciak, publié après sa mort, portait sur des liens présumés entre des hommes d'affaires italiens opérant en Slovaquie et deux Slovaques qui ont ensuite travaillé dans le cabinet de Robert Fico.

L'un de ces hommes d'affaires italiens a depuis lors été inculpé de trafic de drogue en Italie et de détournement de fonds européens en Slovaquie.

(Tatiana Jancarikova; Guy Kerivel pour le service français)