Les syndicats de la SNCF exigent de rouvrir la réforme avec Philippe

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Les syndicats de la sncf exigent de rouvrir la reforme avec philippe[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Les syndicats de la SNCF ont exigé mercredi une véritable négociation sur l'avenir de l'entreprise ferroviaire avec le Premier ministre Edouard Philippe, mais le gouvernement a exclu de modifier la réforme déjà adoptée par l'Assemblée nationale.

Les représentants des cheminots en grève, qui ont obtenu mardi une rencontre avec Edouard Philippe le 7 mai prochain après avoir refusé de se rendre aux concertations avec la ministre des Transports Elisabeth Borne, ont annoncé d'autres mobilisations pour "mettre la pression".

"Nous n'imaginons pas que le Premier ministre nous convoque pour nous dire que rien ne changera et que les négociations sont closes", a déclaré lors d'une conférence de presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots, aux côtés de ses homologues de la CFDT, de l'Unsa et de Sud.

"S'il devait nous convoquer pour ça, on serait vraiment face à un gouvernement qui fait le choix du conflit de longue durée et c'est lui qui serait à ce moment-là responsable de la poursuite dans le temps du conflit par les cheminots."

Les organisations syndicales, qui seront reçues une par une par Edouard Philippe le 7 mai, demandent qu'ensuite se tiennent une négociation en tables rondes triparties, avec l'Etat et la direction de la SNCF, sur toutes leurs revendications.

L'intersyndicale appelle à des rassemblements à Paris et en régions le 3 mai, qui est déjà un jour de grève dans le calendrier, et à "afficher leur soutien dans les chantiers le 7 mai sous toutes les formes possibles", a ajouté Laurent Brun.

Dans le cas où le gouvernement "n'annonce pas de négociations sérieuses, les organisations syndicales appelleront à une journée sans cheminots le 14 (autre jour de grève-NDLR) pour accroître la pression et notamment la mobilisation dans l'ensemble des services", a-t-il poursuivi.

Selon un sondage Elabe pour BFM TV publié mercredi, le soutien de l'opinion publique à la grève des cheminots s'essouffle de trois points par rapport à il y a deux semaines, avec 37% de sondés l'approuvant, 48% s'y disant défavorables. Plus de la moitié des personnes interrogées (53%, en hausse de quatre points) jugent que le gouvernement doit aller au bout de la réforme malgré les contestations.

"JOURNÉE SANS CHEMINOTS"

La "journée sans cheminots", a-t-il expliqué, doit être très large et mettre l'entreprise totalement à l'arrêt, en englobant notamment les cadres qui ont des difficultés à faire grève.

Mais Elisabeth Borne a expliqué devant la presse, à l'issue d'une réunion boycottée par les syndicats, qu'il était hors de question de revoir le fond de la réforme, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale.

Dans le courrier envoyé mardi par Edouard Philippe aux organisations syndicales, "la réforme est confirmée point par point à la fois dans son contenu, dans sa méthode et dans son calendrier", a rappelé la ministre des Transports.

"Le Premier ministre reverra les acteurs qui sont concernés par cette réforme, notamment les confédérations, mais plus pour poser ce débat de l'équilibre financier de la SNCF, qui est un enjeu majeur pour notre pays", a-t-elle souligné.

La reprise de la dette de la SNCF, que l'Etat compte mener progressivement et au moins partiellement à partir de 2020, sera financée par une baisse des dépenses publiques, sans nouvel impôt, a précisé mercredi sur franceinfo le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Pour Elisabeth Borne, les "avancées" proposées par le gouvernement appellent des gestes de la part des syndicats, dont elle a déploré l'absence à la réunion de mercredi au ministère.

"Le gouvernement avance, fait des ouvertures, chacun doit prendre ses responsabilités", a-t-elle dit.

"Les cheminots se posent des questions. Des réponses ont été apportées dans la loi qui a été votée à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Maintenant il y a des enjeux majeurs pour préciser le cadre social au niveau de la branche, pour préparer le nouveau pacte social au sein de la SNCF et tout cela se fera dans la concertation", a-t-elle poursuivi, réaffirmant son souhait de finaliser une convention collective d'ici 2020.

(Elizabeth Pineau, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)