Nouvelles manifestations en Arménie, le PM évoque un vote anticipé

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(Crédits : Gleb Garanich)

par Margarita Antidze et Hasmik Mkrtchyan

EREVAN (Reuters) - Le Premier ministre arménien par intérim a émis l'idée d'élections anticipées pour sortir de la crise politique qui secoue le pays depuis deux semaines alors qu'une nouvelle grande manifestation avait lieu dans la capitale.

Serge Sarkissian, nommé la semaine dernière Premier ministre de l'ancienne république soviétique après dix années passées à la présidence, a présenté sa démission lundi après onze jours de manifestations d'opposants qui l'accusaient d'avoir manipulé la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Mais cela ne semble pas avoir été suffisant aux yeux des manifestants qui ont dit considérer que c'est l'image du gouvernement dans sa totalité qui était ternie.

Des dizaines de milliers de manifestants se sont à nouveau réunis mercredi dans les rues de la capitale arménienne. Sur certaines pancartes étaient reproduits des portraits de membres du gouvernement dont les visages étaient barrés avec de la peinture rouge.

"Le combat n'est pas terminé", a déclaré Susan Adamian, une manifestante âgée de 21 ans.

Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu par téléphone avec le président arménien Armen Sarkissian mercredi. Les deux chefs d'Etat ont prôné le dialogue pour résoudre la crise, a annoncé le Kremlin. La Russie possède deux bases militaires dans l'ancienne république soviétique.

Quelques heures plus tard, le député d'opposition, Nikol Pachinian, l'organisateur du mouvement de protestation, a dit avoir reçu l'assurance que Moscou n'interviendrait pas dans la crise après avoir rencontré un responsable russe.

Le bloc d'opposition Yelk a l'intention de choisir Nikol Pachinian comme candidat au poste de Premier ministre, a déclaré le député Edmon Maroukian.

"Pachinian a la confiance du peuple. Je ne pense pas qu'il y aura de problème et, en prenant en compte ce fait, les élus d'opposition voteront pour sa candidature", a-t-il fait valoir.

"CANDIDAT DU PEUPLE"

Arménie prospère, deuxième force représentée à l'Assemblée nationale, le Parlement monocaméral arménien, a annoncé qu'elle rejoignait le mouvement de protestation et qu'elle soutiendrait un «candidat du peuple».

En outre, la Fédération révolutionnaire arménienne (Dachnak, socialiste) a déclaré qu'elle quittait officiellement la coalition gouvernementale et qu'elle était favorable à des législatives anticipées.

"Le Parlement doit choisir un Premier ministre qui a la confiance du peuple", déclare Dachnak dans un communiqué.

Nikol Pachinian a dit avoir également reçu des promesses de soutien de députés du Parti républicain au pouvoir.

Des parlementaires du Parti républicain ont annoncé être "prêts à engager des discussions avec toutes les forces politiques du pays, sans condition préalable".

Après des réunions avec Armen Sarkissian, qui dirige toujours le parti au pouvoir, et le Premier ministre par intérim, Karen Karapetian, il a été convenu de "remplacer le chef du parti", ont ajouté les parlementaires du Parti républicain dans un communiqué.

Karen Karapetian a évoqué des élections législatives anticipées pour, a-t-il dit, tester la popularité de Nikol Pachinian, le "candidat du peuple".

"Que veut dire "le candidat du peuple"? Je ne connais pas de pays où un Premier ministre est choisi de cette manière. Il y a des élections pour cela. S'il (Nikol Pachinian) est le choix du peuple, cela signifie que le peuple le choisira lui", a déclaré Karen Karapetian lors d'une conférence de presse.

En réponse, des dizaines de milliers de manifestants ont crié de "Nikol, Premier ministre!" quand il est apparu sur la place de la République dans le centre de la capitale.

"C'est ça que "candidat du peuple" veut dire», a déclaré Gurgen Mkrtchian, un médecin de 24 ans, alors que les supporters embrassaient Pachinian qui tentait de se frayer un chemin dans la foule.

Karen Karapetian n'a pas précisé quand des élections pourraient avoir lieu, mais il a déclaré que le pays souffrirait économiquement si la crise devait se poursuivre.

Le président Armen Sarkissian a pour sa part déclaré qu'il allait entamer des négociations avec les différentes forces politiques pour résoudre la crise.

(Jean-Stéphane Brosse, Arthur Connan, Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)