Macron se défend de toute "initiative isolée" sur l'Iran

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(Crédits : Brian Snyder)

par Marine Pennetier

WASHINGTON (Reuters) - Emmanuel Macron, qui a lancé l'idée d'un "nouvel accord plus large" sur l'Iran pour tenter de préparer le terrain à un éventuel retrait américain de l'accord sur le programme nucléaire iranien le 12 mai, s'est défendu mercredi de toute "initiative isolée" face aux critiques et réserves émises par plusieurs pays.

Annoncé mardi à l'issue d'un entretien entre le chef de l'Etat français et le président américain Donald Trump à la Maison blanche, cet accord a été accueilli avec prudence à Berlin et à Moscou, et rejeté avec force par Téhéran.

"Ce n'est pas 'mon' accord, c'est notre stratégie telle qu'elle a été coordonnée avec l'ensemble de nos partenaires européens", a déclaré Emmanuel Macron au dernier jour de sa visite d'Etat à Washington. "Je vous rassure, mon conseiller diplomatique a eu l'ensemble de ses homologues européens il y a quelques instants, la coordination se fait, ce n'est pas un acte, une initiative isolée."

"Il est normal que les pays qui soutiennent l'Iran réagissent négativement puisqu'ils soutiennent le JCPOA et sa totalité donc ça ne m'étonne pas", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Il n'en demeure pas moins qu'il y a une incertitude qui existe sur l'accord, elle n'est pas dans nos mains et n'est dans les mains d'aucun" des pays qui ont émis des réserves ou exprimé un rejet, a-t-il déclaré. "Je ne suis pas en train de dire 'c'est une formidable idée et tout le monde doit se ranger derrière', je suis simplement en train de dire : 'qu'est ce qu'on propose d'autre?'"

"NI SISYPHE, NI SACHER MASOCH"

La tension diplomatique monte à l'approche de l'échéance fixée par le président américain sur l'accord de 2015 signé par l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Union européenne et qui encadre les activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions contre Téhéran.

Donald Trump a donné aux signataires européens jusqu'au 12 mai pour "réparer les affreuses erreurs" du texte conclu en 2015, faute de quoi il pourrait rétablir les sanctions économiques américaines contre la République islamique.

"Je n'ai aucune information d'initié pour savoir ce que le président américain va décider", a dit Emmanuel Macron. "Mais il m'a semblé constamment entendre depuis la campagne du président Trump jusqu'à la déclaration faite hier qu'il n'avait pas une volonté farouche de le maintenir ou de le défendre".

"L'analyse rationnelle de la totalité des déclarations du président Trump ne m'incite pas à penser qu'il fera tout pour maintenir" l'accord, a-t-il ajouté. "Mon action n'est pas de faire revenir le président Trump sur des engagements de campagne, je ne suis ni Sisyphe ni Sacher Masoch", mais d'éviter "une escalade de tension inconsidérée" dans la région en cas de retrait américain.

Ce "nouvel accord", qui couvrirait la question de l'activité nucléaire iranienne après 2025, l'encadrement de ses activités balistiques et son influence militaire dans la région, permettrait de ne pas "tomber dans un inconnu complet si la décision américaine le 12 mai était une sortie sèche", a déclaré Emmanuel Macron.

(Edité par Jean Terzian)