Mailly appelle Force ouvrière à surmonter ses divisions

reuters.com  |   |  610  mots
Mailly appelle force ouvriere a surmonter ses divisions[reuters.com]
(Crédits : Robert Pratta)

par Caroline Pailliez

LILLE (Reuters) - Le secrétaire général sortant de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a appelé jeudi sa base à surmonter les divisions qui se sont confirmées lors de son congrès confédéral, au moment de quitter la direction du troisième syndicat de France.

A la tête de FO depuis 14 ans, Jean-Claude Mailly, 65 ans, qui laissera vendredi la place à Pascal Pavageau, 49 ans, tenant d'une ligne plus radicale, a averti les militants que la CGT et la CFDT, les deux premiers syndicats, étaient en embuscade.

"Il y en a un aujourd'hui (...) qui doit se friser les moustaches. Il s'appelle Martinez (le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, NDLR). Et il y en a peut-être un autre qui doit se dire: 'j'ai peut-être un boulevard' si FO se déchire comme ça. Il s'appelle Berger (le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, NDLR)", a-t-il déclaré.

"Est-ce que nous avons tous intérêt à ce que l'organisation soit fracturée? (...) Je ne pense pas."

Les délégués syndicaux invités à parler devant les 3.500 militants présents de lundi à mercredi à Lille se sont déchirés sur le rapport d'activité du numéro un de FO, auquel les tenants d'une ligne plus radicale reprochent de ne pas s'être mobilisé davantage pour dénoncer notamment les ordonnances du Code du travail à l'automne dernier.

Ils ont voté en matinée pour l'approuver ou non. Les résultats seront connus vendredi.

Pour Jean-Claude Mailly, le plus grand danger pour la centrale serait une désunion alors que le gouvernement multiplie les réformes qui mettent à l'épreuve le paritarisme.

La refonte de l'assurance chômage et de la formation professionnelle, où les décisions sont normalement prises entre partenaires sociaux, laisse notamment une place plus importante à l'Etat dans la gouvernance.

"QUELQUES BOSSES"

Pour le numéro un de FO, les négociations ont imposé "un cadre tellement serré" qu'elles ne donnaient "plus de marge de manoeuvre" aux partenaires sociaux.

"Si ça demain, c'est remis en cause, c'est notre syndicalisme qui est remis en cause. C'est notre conception de la démocratie (...). C'est pour ça qu'il vaut mieux consacrer toute votre énergie à vous battre là-dessus ensemble, dans l'unité, plutôt que de s'écharper, pardonnez-moi, sur ce que je considère bien souvent comme des conneries."

S'il reconnaît que les successions à FO ne "sont jamais simples" et qu'à la fin d'un mandat, on "perd de l'autorité", il admet cependant "avoir essuyé quelques bosses".

"Je vous avoue que ces derniers mois, au-delà des nuances ou divergences démocratiques, je considère que certains ou certaines ont mordu le trait de la fraternité et de la camaraderie", a-t-il dit.

Jean-Claude Mailly a une fois de plus défendu son bilan. Si FO s'était opposé frontalement à la réforme du Code du travail, "tout serait passé", dit-il. "On n'aurait plus de branches aujourd'hui (...). Dans les entreprises en dessous de 150 ou 200 salariés il n'y aurait plus de négociation avec les syndicats".

Pour le prochain secrétaire général, Pascal Pavageau, le congrès a bien été "hard rock" comme il l'avait prévu mais il n'était pas non plus "thrash".

"Nous avons des différences en interne, nous avons cette diversité, cette singularité qu'ont l'ensemble des travailleurs aujourd'hui. Sauf que quand il s'agit de l'essentiel, on est toujours rassemblés à une immense majorité voire parfois à l'unanimité", a-t-il dit.

Jean-Claude Mailly siégera comme membre du Comité économique et social européen une fois son mandat officiellement terminé.

(Edité par Yves Clarisse)