France : La crise du logement persiste pour les bas revenus, selon un rapport

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France: la crise du logement persiste pour les bas revenus, selon un rapport[reuters.com]
(Crédits : Joe Penney)

PARIS (Reuters) - Les ménages modestes sont de plus en plus nombreux à devoir sacrifier une part excessive de leur revenu au logement et leur accession à la propriété est de plus en plus ardue, note mercredi l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) dans un rapport annuel.

Malgré un accroissement annuel moyen de 280.000 résidences principales entre 1996 et 2013, la "crise du logement" qui avait déclenché il y a dix ans une impulsion politique - loi sur le Droit au logement opposable en 2007, lutte contre l'exclusion en 2009 - persiste.

"Caractérisée hier par le déficit de logement et leur insalubrité, la crise du logement se dévoile à présent plus diffuse et protéiforme", note l'Observatoire, citant les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, qui a recensé cette année 4 millions de mal logés et de 12,1 millions de personnes "fragiles" par rapport au logement.

Deux nouveaux "verrous" sont identifiés par les auteurs du rapport : la difficulté pour les personnes sans logement de passer des centres d'hébergement à un logement de droit commun et un taux d'effort financier excessif pour de nombreux ménages pauvres.

"Près d'un tiers des ménages à bas revenus, soit environ 1,7 million, dépensent plus de 40 % de leurs ressources pour leur logement en 2013 alors qu'ils étaient un peu plus d'un cinquième dans cette situation en 2001", souligne le rapport.

Cette proportion passe à près de deux tiers pour les ménages à bas revenu qui accèdent à la propriété (+25 points entre 2001 et 2013), signe d'une accession de plus en plus ardue pour cette catégorie sociale.

Pour les mal-logés en situation de précarité dans des centres d'hébergement, la probabilité "d'entrer, au cours de l'année qui suit, dans un logement ordinaire ou dans un logement assorti d'un accompagnement spécifique a décru de 38 à 34 % entre 2008 et 2012", note en outre l'observatoire, qui constate l'insuffisance de logements abordables pour les catégories de revenus les plus modestes.

DES APL PAS INFLATIONNISTES

Si le maintien dans les centres permet d'éviter les ruptures de parcours, il est aussi le signe d'un blocage, notamment dans les agglomérations aux marchés tendus comme l'Île-de-France. "Cela contribue certainement à l'engorgement des structures et rallonge les files d'attente", note la rapporteure Opale Echegu.

"Aujourd'hui la situation des ménages par rapport à leur logement est devenu un facteur majeur des inégalités territoriales, qui ne cessent de se creuser dans ce pays", estime Jean-Claude Driant, codirecteur du rapport et professeur à l'Ecole d'urbanisme de Paris.

Le logement social, s'il protège les ménages les plus modestes, reste immobilisé par un faible taux de rotation malgré l'agrandissement du parc, souligne-t-il. Dans le même temps, les aides personnalisées au logement (APL) voient leur pouvoir solvabilisateur s'éroder, note la codirectrice du rapport Michèle Lelièvre.

Le texte cite en outre une recherche conduite en 2017 pour le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) qui remet en cause l'existence d'un effet inflationniste des APL, avancé l'an dernier comme justification lors de la baisse de 5 euros de ces aides décidée par le gouvernement.

De 1984 à 2013, la surcroissance de 19% du loyer moyen des locataires à bas revenus résulterait pratiquement en totalité non d'une surinflation de leur loyer mais d'une combinaison d'effets de structure (amélioration relative de leur qualité, hausse de la part de logements loués dans des zones chères, raccourcissement de la durée d'occupation).

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)