Les syndicats d'Air France veulent négocier, Borne "préoccupée"

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Borne se dit preoccupee pour l'avenir d'air france[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS/AMSTERDAM (Reuters) - L'intersyndicale d'Air France a écrit mardi à la direction de la compagnie pour lui demander une nouvelle fois "de revenir à la table des négociations", quatre jours après le choc de la démission du PDG.

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, s'est déclarée quant à elle "préoccupée pour l'avenir" de la compagnie aérienne, dans la tourmente depuis l'annonce du départ de Jean-Marc Janaillac, consécutive au rejet d'un plan salarial par les employés d'Air France, consultés par référendum.

"L'expression des salariés, en forme de désaveu de la politique sociale menée, doit maintenant être entendue. La direction doit renouer le dialogue avec la conviction que seul un accord avec vos représentants pourra mettre fin à ce conflit", écrit l'intersyndicale d'Air France dans une lettre ouverte publiée à l'issue d'une réunion tenue mardi matin.

"L'Intersyndicale Air France demande à la direction de revenir dans les prochains jours à la table des négociations", ajoutent les auteurs de ce texte signé par une dix organisations syndicales, sans lancer un nouvel appel à la grève.

La direction de la compagnie a de son côté réaffirmé sa position de la veille, estimant "que la période qui s'ouvre ne permet pas d'engager une quelconque négociation".

Au 15e jour de grève en deux mois et demi chez Air France, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a fait part de son inquiétude.

"Moi, je suis préoccupée pour l'avenir d'Air France et je pense que tous ceux qui sont attachés à cette très belle entreprise peuvent l'être", a-t-elle déclaré sur franceinfo, rappelant que le conflit en cours "a coûté beaucoup d'argent".

"Chacun doit être conscient qu'Air France joue dans une compétition mondiale, européenne où ses concurrents sont plus compétitifs", a-t-elle fait valoir. "Elle a des gains de compétitivité à faire."

Interrogée sur l'existence d'un risque pour l'alliance avec la compagne néerlandaise KLM, la ministre des Transports a déclaré que "les partenaires de KLM sont très soucieux de cette situation".

L'Etat français contrôle 14,3% du capital du groupe Air France-KLM.

"Nous sommes très inquiets de la situation chez Air France qui doit trouver une solution aussi rapidement que possible", a dit Michiel Wallaard, représentant du syndicat néerlandais CNV, à Reuters.

"KLM se porte mieux que jamais et nous avons conclu deux accords très raisonnables au cours des dernières années. Nous espérons que l'autre partie de la compagnie suivra", a-t-il ajouté.

Michiel Wallaard estime qu'il serait "stupide" de séparer Air France et KLM dans un environnement de marché qui nécessite des partenariats solides.

"Nous voulons continuer avec Air France et nous ne demandons pas un divorce", a-t-il dit. "Mais sans une solution rapide nous devons penser à un plan B. L'un des scénarios auquel on peut penser est un rachat de KLM par un autre partenaire, comme Delta", a-t-il poursuivi.

KLM et Delta Air Lines sont membres de l'alliance Skyteam, comme Air France.

Jean-Marc Janaillac a prévu de rester à la tête d'Air France jusqu'au 15 mai, date du prochain conseil d'administration.

En dépit du mouvement de grève, la compagnie française a prévu d'assurer 80% de ses vols mardi.

A 16h48, l'action du groupe franco-néerlandais cédait 0,68% à 7,25 euros, après la chute de 9,83% subie la veille.

UBS a abaissé mardi sa recommandation sur le titre passant d'"acheter" à "neutre" et ramenant son objectif de cours à 8,0 euros contre 12,50 euros précédemment.

Depuis le début de l'année, la valeur boursière du groupe a fondu de plus de 46% pour tomber à un peu plus de trois milliards d'euros seulement, contre près de 12 milliards pour l'allemand Lufthansa.

(Elizabeth Pineau avec Bart H. Meijer à Amsterdam, édité par Jean-Michel Bélot)