L'accord sur le nom de la Macédoine vivement contesté en Grèce

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L'accord sur le nom de la macedoine vivement conteste en grece[reuters.com]
(Crédits : Ognen Teofilovski)

par George Georgiopoulos

ATHENES (Reuters) - L'opposition grecque et une partie de la presse ont accusé mercredi le Premier ministre Alexis Tsipras d'avoir renoncé à l'un des piliers de l'identité nationale, au lendemain d'un accord de principe avec Skopje sur le nom de la Macédoine.

La République yougoslave de Macédoine devrait s'appeler République de Macédoine du Nord en vertu de cet accord qui pourrait ouvrir la voie à son adhésion à l'Union européenne et à l'Otan. Athènes s'y est jusqu'ici opposée en raison du différend sur son nom, qui dure depuis 1991.

Selon Kyriakos Mitsotakis, chef de file de l'opposition conservatrice, qui le juge "profondément problématique", les Grecs sont majoritairement hostiles à ce compromis et le Premier ministre n'avait pas la légitimité politique nécessaire pour le signer.

"Nous sommes dans une situation sans précédent dans l'histoire constitutionnelle de la Grèce. Un Premier ministre sans mandat parlementaire clair est prêt à engager le pays dans une situation sur laquelle il ne sera pas possible de revenir", s'est-il indigné.

L'accord doit être ratifié par les parlements des deux pays or le parti des Grecs indépendants, formation de droite qui appartient à la coalition gouvernementale, estime que le nom est l'exclusivité de la province grecque de Macédoine, berceau d'Alexandre le Grand.

Si les conservateurs pensent que le gouvernement n'a pas la légitimité nécessaire pour prendre une telle décision, "ils ont les moyens (...) de la remettre en question par une motion de censure. Pourquoi ne le font-ils pas ?", s'est interrogé Georges Katrougkalos, vice-ministre des Affaires étrangères, sur la chaîne grecque Skai.

L'éditorialiste du quotidien conservateur Eleftheros Typos dénonce un "abandon de l'identité et de la langue macédoniennes", tandis que son concurrent de centre-droit Kathimerini souligne "les lacunes et les points d'interrogation" de l'accord.

Le Comité pour l'identité hellénique de la Macédoine, qui a exhorté les députés à ne pas le ratifier, appelle à manifester à Athènes et dans le nord de la Grèce.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)