Feu vert sous conditions au rachat de William Saurin

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PARIS (Reuters) - L'Autorité de la concurrence a donné jeudi son feu vert sous conditions à la reprise du propriétaire de William Saurin mais le ministère de l'Economie et des Finances a déclaré qu'il examinerait cette opération à l'aune des engagements sur l'emploi et le développement de l'activité.

En reprenant la main dans ce dossier, sous les feux de l'actualité depuis la découverte d'irrégularités comptables fin 2016, Bercy utilise pour la première fois son "pouvoir d'évocation", un dispositif prévu par la nouvelle loi de 2008 relative au contrôle des concentrations, texte qui a également abouti à la création de l'Autorité de la concurrence.

Dans un premier communiqué, cette dernière a annoncé l'autorisation du rachat du pôle plats cuisinés du groupe Agripole (William Saurin, Panzani, Garbit) par la Financière Cofigeo en échange de cessions d'actifs.

Le pôle racheté par Cofigeo faisait partie de Financière Turenne Lafayette (FTL), groupe dont l'existence avait été remise en cause après la mise au jour de comptes falsifiés après le décès de la présidente et seule actionnaire de FTL fin novembre 2016.

Cela avait conduit le gouvernement à intervenir en urgence pour convaincre les banques du groupe de continuer à le financer. L'Etat a ainsi contribué à hauteur de 13 millions d'euros à un plan de sauvetage de FTL.

Dans un communiqué, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dit "prendre acte" de la décision de l'Autorité de la Concurrence, rappelant qu'elle s'inscrivait "dans le contexte des fraudes lourdes ayant conduit aux difficultés et à la reprise du groupe Financière Turenne Lafayette".

"Cette opération appelle également une appréciation sous l'angle de motifs d'intérêt général tels que le maintien de l'emploi et le développement industriel (...) C'est pourquoi Bruno Le Maire entend faire usage de son pouvoir d'évocation (...)", ajoute Bercy.

Le ministère de l'Economie et des Finances précise Bruno Le Maire fera "connaître sa décision sur l'opération dans un délai de 25 jours ouvrés, soit au plus tard le 19 juillet 2018".

CESSION DE LA MARQUE ZAPETTI DEMANDÉE

Réagissant à la décision de Bercy, l'Autorité de la Concurrence a souligné, dans un deuxième communiqué, que Bruno Le Maire "statuera[it] pour des motifs d'intérêt général autres que le maintien de la concurrence".

En échange de son feu vert, l'Autorité de la Concurrence a ordonné à Cofigeo de céder la marque Zapetti, l'autre principale marque, avec Panzani, des plats cuisinés italiens appertisés en France, ainsi qu'un site de production.

"L'Autorité permet à Cofigeo de devenir le numéro un du secteur des plats cuisinés appertisés (en conserve) tout en protégeant les consommateurs des risques de hausses de prix liées à l'opération", précise-t-elle dans un communiqué.

Elle note que, sans ces cessions, Cofigeo, qui outre Zapetti détient également les marques Raynal et Roquelaure et Dounia Halal, aurait eu une part de marché de plus 80% dans les plats cuisinés italiens et plus de 70% des plats cuisinés dits exotiques.

"Or, sur ces marchés, et plus encore depuis les récentes crises alimentaires (le scandale dit de la 'viande de cheval' notamment), les marques de fabricants jouent un rôle renforcé dans le choix des consommateurs, ce dont l'Autorité a tenu compte", lit-on encore dans le communiqué.

L'Autorité de la concurrence précise avoir désigné un mandataire indépendant chargé de veiller "au respect de (ses) injonctions".

Le pôle pâtes fraîches de FTL a été cédé à Pastacorp (groupe Skalli), propriétaire des marques Lustucru et Rivoire & Carret.

Le pôle charcuterie salaison de FTL (dont les marques Paul Prédault, Lampaulaise de Salaisons, Madrange et Montagne Noire) a été repris par la coopérative agricole bretonne Cooperl.

Cofigeo est détenu par MBO Partenaires et Société générale Capital Partenaires.

(Benoît Van Overstraeten, édité par Jean-Michel Bélot)