Les retraités se mobilisent à nouveau pour leur pouvoir d'achat

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Les retraités ont manifesté jeudi pour la troisième fois depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron afin de dénoncer l'érosion de leur pouvoir d'achat due à la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG).

Les neuf organisations de retraités à l'origine des manifestations du 28 septembre et du 15 mars ont voulu faire du 14 juin une "nouvelle journée nationale de manifestations" à travers la France afin "d'accentuer la pression sur le gouvernement et sur les parlementaires".

"Depuis son installation à la présidence de la République, M. Macron n'a cessé d'ignorer les revendications des personnes retraitées, de les caricaturer comme des 'riches' et des 'nantis'", écrivent-elles dans un communiqué.

La CSG a augmenté de 1,7 point le 1er janvier 2018 pour compenser la suppression de certaines cotisations salariales conformément à un engagement de campagne d'Emmanuel Macron.

Cette mesure devrait permettre, selon l'exécutif, de redonner du pouvoir d'achat aux actifs en faisant contribuer l'ensemble des revenus (dont les pensions et l'épargne) au financement de la protection sociale.

Le gouvernement avait annoncé que seuls les retraités percevant plus de 1.200 euros bruts mensuels seraient concernés mais l'équation est plus complexe, puisque le revenu fiscal de référence et le quotient familial du foyer sont pris en compte.

Face à la grogne, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé en mars qu'il comptait "corriger le dispositif" dans la prochaine loi de Finances pour certains couples de retraités dont les revenus cumulés les placent "juste au-dessus du seuil de référence".

Pour les neuf organisations, "ce premier recul reste bien trop limité pour calmer les personnes retraitées en colère".

"RETRAITÉS EN COLÈRE"

Elles exigent dans une pétition qu'une loi de finances rectificative soit prise annulant la hausse de la CSG pour tous et "décidant de la revalorisation de toutes les pensions".

A Paris, les retraités ont défilé de la place de l'Opéra jusqu'à celle de la République. "Retraités en colère", "la CSG, ça nous casse les pattes", "Envoyons Macron à la retraite", pouvait-on lire sur les pancartes du cortège qui a rassemblé 2.300 personnes selon la préfecture de police et entre 8.000 et 10.000 selon les organisateurs.

"On est montrés du doigt comme des privilégiés. Oui on vit bien, mais on ne se considère pas comme riches", a déclaré Danielle Klein, 64 ans, habituée des manifestations, qui touche avec son mari une retraite de 5.000 euros par mois.

Le couple dit perdre environ 1.000 euros par an avec la hausse de la CSG. "On va couper sur notre quotidien. On aide les enfants et les petits-enfants. Il va falloir faire plus attention".

Elisabeth Sazeau, 73 ans, perd environ 50 euros par mois avec l'augmentation de la contribution. "Ça peut paraître petit, mais quand on touche une pension de 2.000 euros, c'est un abonnement internet et téléphone par exemple", dit-elle.

Le 15 mars, les mobilisations avaient rassemblé 200.000 personnes dans toute la France, selon les organisateurs. La préfecture de police en avait recensé 7.200 à Paris.

Le 28 septembre, il y avait eu 80.000 manifestants à travers la France selon les organisateurs.

Fin 2016, la pension moyenne tous régimes de droit direct confondus s'est s'établie à 1.389 euros bruts mensuels, selon le dernier rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) sur les retraités et les retraites.

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)