Bataille du transport routier en vue au Parlement européen

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(Crédits : Neil Hall)

STRASBOURG (Reuters) - Le clivage apparu sur le statut des travailleurs détachés entre parlementaires d'Europe de l'Est et espagnols, soucieux de conserver à leur pays un avantage compétitif, et ceux d'Europe de l'Ouest, dont les Français, criant au dumping social, devrait être ravivé lors d'un vote au Parlement européen en juillet.

Le Parlement a désavoué jeudi sa commission des Transports en refusant d'entériner trois rapports relatifs aux conditions de travail des transporteurs routiers et en exigeant que les textes soient soumis aux amendements de la plénière.

Les textes adoptés le 4 juin dernier par la commission des Transports "n'amélioraient pas la situation mais la détérioraient", affirme le Français Franck Proust, président de la délégation Les Républicains au Parlement européen.

Comme la gauche et les Verts français, à quelques nuances près, les élus de droite dénonçaient le fait que le texte adopté en commission exclue le transport international des règles du travail détaché (à travail égal dans un même pays, salaire égal), ait une acception trop extensive du cabotage et autorise des périodes de travail de six jours répétées, avec une journée de repos hebdomadaire en cabine.

"L'enjeu, ce sont nos 33.000 entreprises, nos 400.000 emplois. On se bat pour la France mais on se bat aussi pour les valeurs que nous défendons au PPE (Parti populaire européen - PPE), ajoute-t-il.

La remarque est une pierre dans le jardin de l'Allemand Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement, accusé d'avoir poussé ses troupes à soutenir les positions polonaises en raison d'ambitions personnelles.

L'élu de la CSU (Union chrétienne sociale, alliée à la CDU d'Angela Merkel) est en campagne depuis quelques mois dans l'espoir, estiment ses collègues, d'obtenir en 2019 la présidence de la Commission ou celle du Parlement européen.

Les syndicats européens de routiers demandaient eux-mêmes aux parlementaires de s'opposer à la position de la commission des Transports.

"Une entreprise lituanienne avec un chauffeur lituanien, qui fait du transport de Belgique en France ou de France en Belgique, elle le fait actuellement aux conditions lituaniennes. C'est de la concurrence déloyale", a dit cette semaine à Strasbourg un membre de la Fédération européenne des transports.

Le vote de jeudi laisse entendre qu'une majorité pourrait se dégager en juillet en faveur d'une harmonisation plus forte des conditions de rémunération et de travail des chauffeurs.

Les projets de loi devront alors passer l'épreuve du Conseil européen, une étape que personne n'imagine ni facile ni rapide : les Etats membres avaient dû sortir le transport routier de la directive sur les travailleurs détachés pour parvenir à un accord sur le sujet, en octobre dernier.

La France, qui s'était battue pour rendre plus stricte la directive sur les travailleurs détachés, avait dû en exclure les transports routiers sous la pression des pays de l'Est, assurant que la réglementation du secteur serait traitée séparément.

(Gilbert Reilhac, édité Yves Clarisse)